J'abonderai dans le sens de Nathalie Sarles. Nous soutiendrons évidemment son amendement, mais la victoire serait encore plus belle si nous ajoutions des critères sociaux.
Dans la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC), nous avons voté en faveur de l'expérimentation pendant dix-huit mois d'un affichage environnemental et social, sous réserve de la directive européenne en préparation. Celui-ci devait permettre d'acheter du textile, sous toutes ses formes et toutes ses couleurs, dont le bilan environnemental est positif. Le textile, deuxième industrie la plus polluante, représente 10 % des émissions de gaz à effet de serre de la planète ; en matière de pesticides – le paysan que je suis en a été le premier surpris – , le coton recourt à 23 % des pesticides utilisés sur la planète ; 100 millions de microparticules de plastique sont déversées dans les océans. L'industrie textile est un sujet de préoccupation majeure pour l'environnement, mais elle l'est aussi pour les droits humains.
Exception faite de l'agroalimentaire et de l'industrie extractive, c'est dans l'industrie textile que le tribut humain est le plus lourd du fait de l'esclavage moderne et du travail des enfants. Nathalie Sarles l'a très bien dit, si des progrès ont été accomplis dans les process industriels pour économiser l'eau, réduire le recours aux pesticides et limiter les émissions de CO2, des efforts ont également été consentis pour renforcer le respect de la dignité des personnes et leur garantir un salaire afin que les enfants aillent à l'école.
Un tel combat n'est pas seulement celui des ONG. Il est aussi celui de France terre textile, qui fédère les industries installées dans les Vosges, dans le Nord-Pas-de-Calais et ailleurs, lesquelles se battent pour maintenir l'activité en France. Ce sont les premières à être favorables à une taxonomie sociale et environnementale du textile, qui redonne des couleurs à l'industrie française.
Un tel combat sera aussi mené par le Président de la République dans le cadre d'une démarche de la France dite 8. 7, en référence à la cible 8. 7 des ODD, cher collègue Antoine Herth, laquelle vise à éradiquer le travail des enfants à l'échelle de la planète. Que nous disent les ONG spécialisées telles que Ressources humaines sans frontières ? Le travail des enfants est essentiellement le fait de l'industrie textile. On ne peut pas s'ériger en chef de file dans la lutte contre le travail des enfants sans soutenir sa propre industrie ni condamner le travail des enfants dans les chaînes de production mondialisées.
Il ne s'agit pour l'instant que d'une expérimentation. Nous ne pouvons pas refuser ce soir de faire ce que nous avons accepté dans la loi AGEC. Nous ne pouvons pas faire un choix en deçà des attentes de l'opinion. Alors que quatre jeunes sur dix décident de travailler dans une entreprise qui a du sens, une éthique, qui cherche à préserver la dignité humaine et notre écosystème – la maison commune et la dignité de l'homme – , nous avons l'occasion et l'honneur, à titre expérimental – et en laissant le soin au Gouvernement de déterminer, avec le concours de l'ADEME et de l'OIT, les bons critères – , de contribuer aux ODD, de protéger notre industrie et de défendre une certaine idée de l'humanité.