Emmanuel Macron a d'abord cherché à rassurer, rassurer sur la prise de conscience des erreurs commises, rassurer sur les retards accumulés ou rassurer encore sur les perspectives d'une sortie de crise que lui-même sait, en l'état, hypothétique. Dans une situation qui tourne au chaos sanitaire et économique, le pays a davantage besoin d'être conduit que d'être ingénument rassuré. Le semblant de Canossa politique d'un homme exerçant la plus haute fonction, tout comme sa peu glorieuse résignation à une simple gestion de la pénurie, ne font pas une politique et encore moins, au beau milieu d'une crise nationale majeure, une stratégie.
« La politique est l'art de rendre possible le nécessaire », professait Richelieu, l'un des plus grands hommes d'État qu'ait connus la France. Force est de constater que, perdu dans les méandres bruxellois et perclus par les blocages administratifs bien français qu'ils n'ont pas su lever, nos dirigeants donnent le sentiment – qui devient exaspérant – de chercher toujours à gagner du temps. Peu de conviction et beaucoup d'indécision : voilà ce que nous avons ressenti en l'écoutant.
Selon moi, deux principes doivent s'imposer. Premièrement, si nous devions procéder à un confinement, ce serait avant tout celui des malades ; à défaut, le confinement territorialisé doit être privilégié. Deuxièmement, la lutte contre la pandémie doit être menée par tous les moyens techniques, scientifiques et humains à notre disposition.
À côté des gestes barrières qui reposent plus largement sur la responsabilisation des comportements individuels, de la mise en place de protocoles sanitaires dont personne ne méconnaît la nécessité, et des contrôles aux frontières qui doivent être enfin effectifs, les autorités doivent agir dans quatre directions prioritaires.
Je pense tout d'abord au dépistage individuel par les tests PCR bien sûr, mais aussi aux autotests qui doivent être disponibles partout pour sécuriser davantage les citoyens, par exemple lors des réunions de familles, même réduites, et au dépistage collectif à travers le repérage des clusters par l'analyse des eaux usées.
Ensuite, à propos des traitements et de leur corollaire, la liberté de prescription médicale, j'aurais aimé entendre l'annonce d'un soutien massif à notre recherche et à notre industrie pour mettre enfin au point des traitements.
D'autre part, je souhaite que soit instauré un moratoire immédiat et impératif sur la réduction des capacités hospitalières dans tout le pays et que des hôpitaux récemment fermés comme le Val-de-Grâce rouvrent immédiatement. Parce que nous avons le devoir d'éviter les décès différés liés aux déprogrammations, nous devons disposer au plus vite des 12 000 places que M. Véran avait promises au pays en juillet dernier.
Enfin une stratégie vaccinale française doit suppléer sans attendre le fiasco bruxellois. L'OMS elle-même dénonce l'inacceptable lenteur de la vaccination en Europe. Alors, diversifions nos sources d'approvisionnement de vaccins et développons enfin une production nationale. L'objectif est naturellement de vacciner au plus vite l'ensemble des Français qui le souhaitent, les chiffres donnés triomphalement ce matin par le Premier ministre étant très, très mauvais. Il est également nécessaire d'anticiper les besoins éventuels ultérieurs liés à l'apparition de nouveaux variants ou à une altération de l'immunité collective dans le temps.
J'ai noté que, lors de son allocution, le chef de l'État a déclaré qu'à l'avenir nous ne dépendrions pas des autres. Est-ce un autre mea culpa, une phrase jetée au vent, une révélation ? Lui seul le sait. Je ne peux que partager ces propos car ils fondent une grande partie de mon engagement politique. Ils sont évidents pour ceux qui savent qu'un peuple n'est jamais mieux défendu que par lui-même. Ils pourraient être ceux d'un homme libre si le Président décidait de nous délivrer de ses errements idéologiques, ceux d'un homme d'État s'il décidait de privilégier, sur toute autre considération, l'intérêt national.