Il me tient à coeur, parce qu'il vise à utiliser la commande publique pour veiller à l'emploi de matériaux tels que le bois, la terre et la paille, c'est-à-dire à développer l'écoconstruction. Il y a une histoire que j'aime bien raconter pour expliquer à quoi servent ces matériaux. La ville de Shibam, au Yémen, est appelée la Manhattan du désert ; ses immeubles ont été construits en terre crue. À Dubaï, les immeubles ont été construits en béton et en verre. Le point commun à ces deux villes, c'est qu'il y fait régulièrement jusqu'à 45 degrés l'été. À Shibam, on n'a pas besoin d'utiliser de climatiseurs, alors qu'à Dubaï, on y est obligé, à tel point qu'en trente ans, la température extérieure de la ville a augmenté de six degrés ; c'est considérable.
En France, 70 % des déchets sont produits par le secteur de la construction, avec un impact carbone très fort : l'impact carbone des matériaux de construction et la vie des bâtiments en exploitation représentent 40 % du bilan carbone. Le ciment est responsable à lui seul de 6,9 % du bilan carbone mondial. Il nous faut impérativement faire bifurquer nos modes de production, en concertation avec les travailleurs du bâtiment. Des études menées par une centaine d'experts ont montré qu'avec une bifurcation des modes de construction, on pourrait économiser 90 millions de tonnes équivalent carbone en dix ans, c'est-à-dire diviser par deux le bilan carbone de la construction et par cinq celui de la France.
Il faut impérativement privilégier les matériaux crus plutôt que cuits et ceux qui stockent temporairement du CO2, comme la paille ou le bois. Nous avons déjà 5 000 bâtiments en paille dans notre pays : des crèches, des groupes scolaires, des collèges, des maisons de retraite. Il faut nécessairement inscrire cela dans la loi pour aider à effectuer la bifurcation en matière d'éco-construction.