Corses, Basques, Bretons, Picards : si nous appartenons tous à l'histoire de France, nous sommes aussi les dépositaires de l'histoire d'une province qui, parfois, a eu sa propre langue. Pour moi, il s'agit de la langue picarde et le fait d'être picard et français est une complétion ; ce ne peut être une opposition. Au XIIIe siècle, à l'époque où existait une nation picarde, la langue picarde était fréquemment utilisée par les universitaires. Le picard fait partie intégrante de la richesse culturelle de la France et fut évidemment reconnu comme langue de France en 1999. En outre, ce que nous qualifions d'ancien français est objectivement de l'ancien picard. Le picard possède une orthographe communément acceptée et répandue, et il est très présent en milieu scolaire. Plusieurs méthodes d'enseignement du picard ont déjà été publiées dont celle, en 2013, de l'agence pour le picard.
S'il est indispensable que nous ayons une langue commune – notre si belle langue française – pour que tous les Français puissent se comprendre, nous devons aussi conserver nos langues régionales, qui sont un véritable patrimoine culturel. Les enfants maîtrisant deux langues développent de meilleures capacités cognitives et linguistiques. N'est-ce pas un véritable atout pour l'apprentissage ultérieur de langues étrangères ? J'en suis certaine. Il nous faut donc protéger nos langues régionales, ce qui implique de favoriser leur enseignement à l'école, dès les classes maternelles : c'est l'objet de l'article 3. Un proverbe affirme que la langue est le miroir et le portrait de l'âme. En ce qui me concerne, mon âme est française et picarde à la fois, et j'en suis fière ! –