Intervention de Alexandra Louis

Séance en hémicycle du jeudi 8 avril 2021 à 15h00
Droit à une fin de vie libre et choisie — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexandra Louis :

Sur une question aussi sérieuse, je crois, comme beaucoup, sans doute, que personne ne peut prétendre détenir la vérité : il s'agit d'un choix de société. À travers cet amendement de suppression, je souhaite simplement exprimer mes doutes.

L'article 1er prévoit de légaliser, sous certaines conditions, l'assistance médicalisée active à mourir. En d'autres termes, il s'agit de conférer un droit, encadré, d'ôter la vie. Ce débat est légitime, mais il est grave, car il pose des questions sociétales, philosophiques, humaines et juridiques et qu'il appelle des réponses aux conséquences irrémédiables.

Faire ce choix conduirait à une remise en cause totale de la philosophie qui sous-tend notre droit, lequel place la préservation de la vie humaine au sommet des valeurs protégées. Robert Badinter rappelait que, parce que le droit à la vie est le premier des droits humains, personne ne peut disposer de la vie d'autrui.

La question qui est posée à travers ce texte est celle de savoir s'il faut remettre en cause ce principe au nom de la liberté individuelle. Elle est si complexe qu'elle n'a jamais été tranchée par la Cour européenne des droits de l'homme, qui s'en remet à l'appréciation des États membres. Elle doit faire l'objet d'un débat qui dépasse largement l'enceinte de cet hémicycle, car la question de l'euthanasie ou du suicide assisté s'accompagne d'innombrables autres problèmes éthiques auxquelles nous sommes, je le pense, bien loin d'avoir répondu.

Je crois que les conditions de ce débat ne sont pas réunies, dans une période si compliquée, où notre société tout entière est mobilisée pour lutter contre une épidémie qui suscite beaucoup d'angoisses et de souffrances. Qu'on soit pour ou contre ce texte, nous sommes toutes et tous sensibles à la souffrance humaine et disposés à tout faire pour la limiter. Je ne sais pas si la mort vient au secours de la souffrance et de la dignité, mais je crois que l'accompagnement des personnes en souffrance et de leurs proches est une priorité, et je suis toujours frappée et émue des témoignages de ceux qui ont traversé cette épreuve et se sont parfois sentis bien seuls.

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