Ce soir, nous savons que nous ne sommes pas au bout du chemin qui mène à l'accomplissement de cette idée. Mais ce texte, qui avait été déposé une première fois en 2018, a fait un pas de plus ; et sans doute allons-nous encore nous retrouver, jusqu'à ce que l'idée finisse par s'épanouir. Peut-être, collègues du groupe Les Républicains, parviendrez-vous à convaincre tout le monde que c'est une erreur ! Ou bien peut-être parviendrons-nous à vous faire comprendre qu'il ne s'agit que d'établir une liberté.
Vous autres qui êtes croyants, vous qui avez, avec une totale sincérité, défendu l'idée que le premier devoir était celui de la main tendue aux plus faibles, vous devez entendre la racine de notre conviction philosophique. Dans notre idée, l'être humain – tel est l'humanisme fondateur – est auteur de son histoire. Je sais que nous divergeons sur ce point, collègue Potier, et je te respecte, tu le sais, dans ta conviction. Mais nous, nous croyons cela ! Et par conséquent, chaque pas qui rend une personne plus maîtresse d'elle-même, quelles que soient les circonstances, est un pas qui nous fait avancer en humanité, même quand il est cruel, parce que c'est une responsabilité terrible que de décider d'éteindre la lumière.
C'est pourquoi, collègue Le Fur, tu ne dois pas t'étonner que nous y ayons mis tant de passion. Beaucoup d'entre nous ont été convaincus chemin faisant, au cours de leur vie ; ils n'avaient pas cette idée au départ ! Et nous avons tous su à quel point il était difficile d'admettre l'idée que la liberté la plus grande dont on peut jouir, c'est celle de se dominer et de se posséder soi-même. Notre collègue a eu parfaitement raison de le dire : le droit dont nous débattons est de même nature que la liberté de l'IVG. C'est la liberté d'être soi-même maître, possesseur et créateur de soi.