Intervention de Valérie Boyer

Réunion du jeudi 30 avril 2020 à 10h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Boyer :

J'insiste sur le fait que les trente pays donateurs ont accru d'1,4 % le montant de leur aide publique au développement, la portant ainsi à hauteur de 152 milliards de dollars. Les mois qui viennent, vous l'avez souligné mes chers collègues, s'annoncent cruciaux pour épauler les pays pauvres dans la lutte contre la pandémie du Covid-19. Je ne remets pas en cause la solidarité internationale avec ces pays. Ici comme là-bas la crise sanitaire à d'énormes conséquences sociales, économiques et démocratiques. Vient, là-dessus, la proposition du Président de la République d'annuler la dette des pays les plus pauvres. Le 15 avril, le G7 s'est mis d'accord pour suspendre pendant un an la dette des 76 pays pauvres dont 40 pays africains. La question de la réciprocité et de la contrepartie se pose. J'ai d'ailleurs adressé, avec plusieurs de mes collègues Les Républicains, un courrier au Premier ministre pour faire le point sur cette situation car je m'interroge sur la réciprocité de nos actions. Je ne vais pas revenir sur les conflits armés, sur les difficultés de plusieurs pays d'Afrique à faire valoir l'égalité entre les hommes et les femmes, les mariages précoces, la démographie galopante, ainsi que sur un certain nombre de choses particulièrement difficiles. Je voudrais insister sur deux points dont on a beaucoup parlé dans notre commission, madame la Présidente, et notamment dans le rapport budgétaire que vous m'aviez confié. La France fait toujours face à une crise migratoire très importante. La primo-délivrance des titres de séjour progresserait de presque 7 % en 2019 par rapport à 2018 avec 276 000 titres de séjour délivrés. Cela représente une augmentation de 27 % entre 2015 et 2019. Aujourd'hui, il est important de rappeler que les chiffres qui concernent la délivrance des laissez-passer consulaires ne sont vraiment pas satisfaisants et de trop nombreux pays africains ne coopèrent pas assez. En 2018, par exemple, la Côte d'Ivoire a délivré 48 % de laissez-passer consulaires, le Sénégal également, le Soudan 69 % et enfin le Mali 76 %. Je voudrais insister aussi sur les fraudes à l'état civil dans certains pays africains qui ont pris une ampleur toute particulière dans ce contexte d'immigration et qui se concentrent aux Comores et en Afrique subsaharienne et sur les fraudes aux mariages qui touchent essentiellement le Maghreb et la Turquie. Je trouve que toutes ces questions sur l'AFD sont extrêmement importantes pour pouvoir engager un nouveau paradigme dans le monde d'après. Enfin, madame la présidente, je voulais dire que je partage tout à fait votre insistance sur le fait que le conseil d'administration ne suffit pas et qu'il faut plus de transparence pour que la représentation nationale s'empare de ces sujets. Pour que l'on puisse continuer à faire en sorte que cette aide au développement perdure, il faut que les Français sachent ce qu'il en est vraiment et que cette réciprocité et cette transparence puissent s'installer.

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