Intervention de Marielle de Sarnez

Réunion du jeudi 30 avril 2020 à 10h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarielle de Sarnez, présidente :

Nous sentons l'intérêt de l'ensemble des parlementaires pour cette grande question du développement et de la lutte contre les inégalités mondiales. Je le dis avec précaution : si l'on regarde ce qui se passe en Afrique où l'on observe un doublement régulier du nombre de cas de contamination chaque semaine, c'est-à-dire une épidémie ou une pandémie qui avance lentement mais sûrement, à ce moment-là, et je le dis avec une grande prudence, nous pouvons aller vers une situation extrêmement lourde, extrêmement difficile sur ce grand continent africain, avec toutes ses conséquences, sur le plan sanitaire, économique, social, humanitaire, sociétal. Ces conséquences, je pense d'abord à l'Afrique évidemment, mais elles toucheront également l'Europe. C'est très important que nos concitoyens en prennent conscience. En France, comme dans l'ensemble des pays européens et du monde avec une crise économique et sociale comme nous n'en aurons probablement jamais vue, nous avons un devoir de solidarité avec ce grand continent voisin et proche car, de toute façon, ce qui se passera en Afrique aura des conséquences dans l'Union européenne et dans nos pays européens.

La seconde chose importante, c'est qu'il faudra, monsieur le directeur, regarder le jour d'après. Le jour d'après ne ressemblera pas au jour d'avant. Mais il nous faudra reconstruire. Reconstruire avec un état des lieux qui sera évidemment difficile mais il faudra reconstruire au lendemain de la crise. Je crois que, dans la reconstruction, il faudra penser le développement de façon différente. Nous aurons besoin d'un pacte mondial pour que les Africains puissent vivre de leurs propres ressources. Nous aurons besoin, au fond, d'arrêter d'assister ou de porter assistance alors qu'il faut créer les conditions de l'autonomie, de l'indépendance, qu'elle soit alimentaire ou qu'elle soit sur l'ensemble des matières premières. C'est aux Africains de gérer ces richesses potentielles, c'est à eux de les transformer, c'est à eux de faire en sorte qu'elles puissent bénéficier à l'ensemble de leur population selon un principe de bonne gouvernance. Je crois qu'il faudra vraiment reconstruire probablement sur des bases nouvelles. C'est notre responsabilité à tous.

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