Intervention de Valérie Boyer

Réunion du mercredi 6 mai 2020 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Boyer :

Nous assistons à une crise du multilatéralisme et l'OMS fait partie des organisations qui souffrent de cette crise. J'aimerais vous poser des questions à propos des relations entre l'OMS et les institutions européennes, et des capacités de l'OMS à établir des normes. Par exemple, ne serait-ce que pour avoir des données harmonisées sur la façon dont on comptabilise les décès, la façon dont on les mesure, et dont on dresse des profils. Ce genre d'informations est très utile à tous, surtout si les informations sont normées et donc comparables. On en arrive à des discussions très importantes, qui posent problème à l'opinion publique, sur la réalité et l'intérêt de ces institutions. Le test Discovery en est un exemple. Au début, les participants étaient nombreux, pour finir avec peu de pays et beaucoup d'interrogations sur la façon dont ces tests, en tout cas pour la France, sont annoncés et vont être réalisés. Aujourd'hui, je voudrais rappeler que dans l'épidémie du Covid-19, 90 % des victimes se trouvent en Europe, avec plus de 25 000 décès en France, presque 30 000 en Italie et si tous les pays du monde qui ont été touchés ont mis en place des mesures sanitaires afin d'éviter la propagation du virus, je crois que c'est la première fois que 3 milliards de personnes ont été confinées et se sont prêtées au confinement malgré la privation de liberté que cela peut apporter. Elles s'y sont prêtées sans résistance, quel que soit le statut des pays. Ce que cette épidémie a surtout révélé c'est une sorte d'impréparation des États mais aussi des organisations internationales. Et ce alors que l'OMS, avec les travaux qui avaient été étayés par la fondation Gates en 2017, prédisait une épidémie dans les quinze années à venir. C'est vrai que l'on avait l'expérience du SRAS et que l'expérience du Covid est différente, mais on a assisté, tout de même, à de nombreuses tergiversations et errements stratégiques qui sont certes compréhensibles au vu de la situation inédite, mais qui ont retardé l'élaboration d'une stratégie globale pour affronter la pandémie. C'est notamment le cas au niveau de l'Union Européenne et au niveau des pays frontaliers.

Par exemple, l'OMS a, au début, recommandé de pas fermer les frontières, ce à quoi la France s'est pliée avec rigueur et continue de le faire en refusant d'appliquer la quarantaine aux personnes qui arrivent d'un pays de l'Union Européenne ou de l'espace Schengen. Ensuite l'OMS ne recommandait pas de généraliser le port du masque. Cette problématique n'est aujourd'hui toujours pas tranchée. Cela créée une défiance accrue vis-à-vis des pays qui ne tranchent pas cette problématique, surtout au moment où apparaissent des études qui disent que le port du masque est plus efficace que le confinement. Ce qui est une sorte de cataclysme compte tenu des sacrifices que nous avons consentis avec ce confinement. Je ne sais pas si ces études sont vraies ou fausses, mais elles circulent dans la presse sérieuse, ce ne sont pas des fake news.

Je voudrais insister sur le fait que, si nous avons des difficultés avec le multilatéralisme, même au sein de l'Union Européenne, les pays ont réagi de façon individualisée et ne sont pas parvenus à trouver des réponses coordonnées pour faire face à la crise, que ce soit pour les masques, pour les tests, pour Discovery, pour les frontières. Avant de s'interroger sur la gouvernance mondiale de la santé, est ce qu'il ne faudrait pas déjà répondre aux carences qui ont été constatées en France ? Enfin, je voudrais vous poser une question, pour conclure, sur les masques. Je voudrais avoir des informations et des précisions sur l'élaboration des stratégies sanitaires en France notamment en ce qui concerne la question des masques qui n'est toujours pas réglée.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.