. Vous êtes extrêmement pessimiste mais j'entends votre message comme le lancement d'une alerte et je vous en remercie. Il y a quelques points dans votre propos qui ont attiré mon attention et je voudrais resituer le contexte. J'habite Singapour depuis quinze ans. J'observe donc ce qu'il se passe en Asie avec, je pense, beaucoup de lucidité. Je ne pense pas du tout être atteinte du syndrome de Stockholm dont on peut être parfois atteint au bout de quelques années dans un pays. Actuellement, Singapour a fermé ses frontières et refuse même que ses résidents permanents y reviennent. C'est extrêmement inquiétant car ils ne respectent même pas la convention de Vienne à l'égard de nos diplomates. Vous avez dit tout à l'heure que Singapour a joué un rôle décisif dans la récusation des valeurs occidentales. Je suis intéressée pour que vous puissiez développer un peu ce propos car je me réfère à La Fontaine : « Il faut parfois se méfier de plus petit que nous. » Vous avez également insisté sur le fait que nous avions moins célébré Tiananmen que la chute du mur de Berlin en 1989. Je voudrais attirer l'attention de tous mes collègues sur le fait qu'il y a eu un excellent documentaire sur Arte sur l'année 1989 qui met en valeur tout ce qui s'est passé dans cette année charnière. Au-delà de tout cela, j'avais une question plus précise à vous poser sur le rôle de la Chine dans cette diplomatie actuelle de la santé et sur le rôle qu'elle essaie de jouer, avec cette diplomatie de combat qu'elle est actuellement en train de mener. Vous l'avez évoqué, si cette diplomatie était payante, elle pourrait avoir pour conséquence de venir supplanter la Russie qui est actuellement plutôt enlisée en Syrie et isoler les européens dans cette région du Moyen-Orient.
J'ai deux questions. Avec une telle attitude de la Chine, comment pourrions-nous être audibles sur des dossiers aussi complexes que le nucléaire iranien ou les tensions entre Israéliens et Palestiniens ? Vous avez évoqué la présence de la Chine qui cherche sa place en Méditerranée. Est-ce que l'on n'aurait pas là l'opportunité d'un rapprochement entre la France ou les Européens et la Russie ? Ce rapprochement n'est-il pas plus que jamais d'actualité face à cette diplomatie de combat que mène la Chine ?