Intervention de Sonia Krimi

Réunion du mercredi 13 mai 2020 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSonia Krimi :

J'ai envie de poser une question qui va un peu nous relier à notre relation Europe-États-Unis, Europe-Royaume-Uni, Europe-Russie, Europe-Afrique, Europe-Golfe, Europe-Chine. Nous avons tendance à nous comporter avec tous ces pays en disant que nous avons toujours raisons. Nous avons raison quand nous parlons avec la Chine, nous avons raison quand nous parlons avec tous ces partenaires-là. Il y a quelque chose qui me dérange dans cela. J'ai beaucoup travaillé sur les pays arabes et j'ai beaucoup travaillé sur la cassure de Sayyid Qutb dans les années 1920 et la création des Frères Musulmans. Il disait à l'époque : « Ils n'ont pas les mêmes socles de valeurs que nous et nous ne partageons pas leurs socles de valeurs. Ils mettent leurs grands-parents dans des maisons bizarres. » J'ai entendu le même discours chez nos jeunes qui sont partis vers la Syrie en disant « le monde européen devient trop complexe pour moi. Je cherche quelque chose de simple ». Comme nous, politiques, nous avons notre légitimité de ce peuple-là, le peuple aspire beaucoup à des choses de plus en plus simples : l'amour, l'amitié, la trahison, les amis, la maison. Avec le covid, nous avons vu qu'il y a un retour vers ce monde simple. Nous le voyons même dans la parole politique, elle est très politicienne et très forte quand elle est portée par des « politicards » parce qu'il est beaucoup plus simple de dire « c'est blanc ou noir » que de passer son temps à dire « le RGPD, les valeurs ». Sinon, à force d'être très complexes et d'être entre nous en train de se dire « on a tout le temps raison », nous allons nous retrouver balayés par des mouvements, et on le voit en Europe, beaucoup plus extrêmes. Dès lors, comment faire, dans notre constitution européenne, pour dire que l'on peut douter ? Le doute est le début de la sagesse. On peut, on a le droit de douter. On a le droit de repenser même si on a les meilleures technologies, mêmes si on a les meilleurs États de droit, quelque chose de simple. Einstein dit que si vous n'arrivez pas à l'expliquer à quelqu'un qui a six ans, c'est que vous-même vous n'avez rien compris. Dès lors, comment faire cela dans notre système multilatéral, intégrer ces échecs, intégrer ces doutes, sans être taxé de « bisounours » d'un côté et de trop arrogant de l'autre ? Ce n'est pas une invitation au nihilisme, du tout.

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