Intervention de Michel Herbillon

Réunion du mercredi 3 juin 2020 à 10h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Herbillon :

Merci beaucoup madame la présidente. J'ai bien connu Claude Goasguen depuis mon arrivée à l'Assemblée nationale en 1997, et je l'aimais beaucoup. Je m'exprime en mon nom, mais aussi au nom de l'ensemble des collègues de mon groupe, du président de notre parti Christian Jacob, du président de notre groupe Damien Abad et au nom de ses collègues de la commission, mais aussi au nom des collaborateurs de notre groupe, je pense à Véronique Malenfer, à Sylvie Gir, la secrétaire générale.

Nous avons été sidérés d'apprendre sa mort. Certains d'entre nous connaissaient le combat acharné qu'il menait contre la maladie. Claude Goasguen ne laissait personne indifférent et entretenait beaucoup d'amitiés au-delà des clivages partisans. J'éprouve beaucoup d'émotion et de tristesse à rendre hommage à sa mémoire, alors que résonnent encore dans les murs de notre commission ses combats et ses engagements. Claude était un infatigable combattant politique, mais aussi un homme libre, qui appréciait et qui tenait à sa liberté de ton et à sa liberté intellectuelle, à son indépendance d'esprit. C'était un homme de valeurs, de convictions fortes, de passions. Il aimait le débat, la confrontation des idées. Pour qu'un ami reste vivant, il faut continuer à en parler joyeusement. Ainsi, il aimait les indiscrétions de la vie politique et n'avait pas son pareil pour vous faire des confidences. Toujours très bien informé, bien avant Twitter, avant Facebook, il était un réseau social à lui seul, avant la lettre. Il aimait passionnément la politique, la culture et le droit, dont il parlait avec talent. Il était spécialiste du droit romain. Il parlait toujours du droit avec talent. Il s'exprimait parfois de façon rugueuse, mais toujours avec talent. Je n'ai pas besoin d'insister sur ses qualités d'orateur.

Je voudrai illustrer plusieurs de ses combats. Il s'est toujours battu avec passion et fidélité pour les causes qu'il défendait. Il s'engageait toujours à fond. Je pense à son combat pour Paris, contre l'antisémitisme et pour la cause d'Israël – il a présidé longtemps le groupe d'amitié France-Israël –, mais aussi pour les chrétiens d'Orient. Il y a quelques jours je marchais le long de la mairie du 16e arrondissement où était suspendue une grande affiche en soutien des chrétiens d'Orient dont il avait été l'initiateur. Et, en même temps, comme un clin d'œil un peu sinistre du destin, demeuraient les panneaux pour le premier tour des élections municipales, où il figurait en bonne place sur les affiches aux côtés de Rachida Dati et Francis Szpiner.

Son combat pour le Québec et pour la langue française est moins connu. J'ai eu l'occasion de m'y rendre avec lui lorsqu'il en présidait le groupe d'amitié. Je me souviens de son combat pour organiser une journée du livre québécois, francophone, au lycée Jean de La Fontaine.

Il révélait, on ne peut l'oublier, son caractère de combattant au moment du combat électoral. Dans sa circonscription, dans son arrondissement, à Paris en général. Je peux en donner une illustration. Nous nous souvenons, comme si c'était hier, du mardi qui a suivi les élections du deuxième tour des dernières élections législatives. Il avait senti, comme beaucoup d'entre nous, le vent du boulet électoral. Arrivé au groupe, il avait comme nous tous les stigmates du combat électoral. Il m'avait dit : Michel, quand je te vois, quand je me regarde, on peut dire que nous revenons des tranchées.

J'aimerais évoquer la fidélité de Claude à Jacques Chirac, qu'il aimait dans toutes ses facettes, avec ses qualités et ses défauts. Je peux témoigner des merveilleuses qualités de conteur avec ce mélange d'humour, de truculence et de culture quand il nous relatait ses rencontres, ses voyages ou ses tournées électorales avec Jacques Chirac dans Paris. Je me souviens de son récit de la rencontre de Jacques Chirac avec les éboueurs maliens dans le 18e arrondissement. C'était extraordinaire, c'était des moments d'histoire politique, avec ce mélange de fond et d'humour. J'ai un point commun avec lui. Ma famille est originaire de Toulon. Claude y est né. Il fallait l'entendre avec l'accent parler des marchandes des quatre saisons du célèbre marché du cours Lafayette. Il était profondément enraciné dans les territoires. Je me souviens d'un déjeuner en petit comité, à l'Élysée, pendant la période de cohabitation, quand Lionel Jospin était Premier ministre. Jacques Chirac avait surnommé Claude « il magnifico », terme qui désigne en Italie le recteur d'université et qui rendait surtout hommage à son panache.

Je m'incline devant la douleur de sa famille, de ses fils, de son épouse, de son équipe, de ses proches collaborateurs, dont Aurélie Pirillo, qui est la cheffe de cabinet de Claude depuis dix ans, et Betty Dujardin, son assistante parlementaire. Je regrette qu'il n'ait pas gagné son dernier contre ce monstre qu'est le virus, malgré un combat acharné. Ainsi va la vie, ainsi va le destin qui nous échappe. Claude nous manque, parce que c'était un ami et parce qu'il faisait honneur à la politique et au Parlement.

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