Intervention de Marielle de Sarnez

Réunion du mercredi 24 juin 2020 à 15h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarielle de Sarnez, présidente :

. Cher Edgar Morin, je veux d'abord vous remercier d'avoir accepté de passer ce moment avec notre commission des affaires étrangères pour réfléchir à la crise que nous vivons aujourd'hui, à ce qu'elle dit de nous-mêmes, du monde et de son évolution.

Il n'est pas utile de vous présenter, je vais quand même le faire en quelques mots : vous êtes un grand intellectuel, un philosophe, un sociologue, auteur de plus soixante livres traduits dans une trentaine de langues. Vous êtes aussi depuis toujours un homme engagé, un résistant, un humaniste et je pourrais reprendre à votre propos la belle phrase d'Albert Camus : pour vous, « vivre, ce n'est pas se résigner ». Pour toutes ces raisons je suis heureuse de vous accueillir parmi nous. Votre dernier livre est sorti il y a quelques jours, je l'ai lu ce matin et j'en conseille la lecture : Changeons de voie, les leçons du coronavirus écrit avec Sabah Abouessalam. Dans ce livre, vous vous décrivez comme « l'enfant de toutes les crises » que vos quatre-vingt-dix-neuf ans ont vécues : de la grippe espagnole de façon indirecte, jusqu'à la pandémie d'aujourd'hui, en passant par la crise de 1929, la Résistance pendant la guerre, l'engagement politique, puis la grande « repensée » de vos idées après l'écrasement de la révolution hongroise en particulier, mai 1968, la prise de conscience écologique dès les années 1970. Pour vous, il est décidément normal de vous attendre toujours à l'inattendu.

Cette crise que nous vivons, ses conséquences économiques, sociales, politiques et démocratiques nous obligent à réfléchir et à porter les changements profonds qui seront nécessaires demain. Cette crise nous interroge sur les grandes questions de coopération et de solidarité qui sont plus que jamais nécessaires en Europe et dans le monde. Enfin, cette crise nous rappelle que nous sommes tous membres d'une même communauté de destin et cela est peut-être, je le souhaite, une raison d'espérer. Edgar Morin, pour toutes ces raisons, bienvenue dans notre commission des affaires étrangères, je vous passe la parole pour un préambule sur cette crise, la manière dont on doit la regarder et ce qu'on peut en apprendre pour aujourd'hui et pour demain. Ensuite, nous entamerons un dialogue avec les parlementaires présents.

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