Le sommet du G5 Sahel qui s'est tenu hier et auquel a participé le Président Emmanuel Macron a effectivement permis de dresser un bilan des engagements pris il y a six mois lors du sommet de Pau. Ce sommet de janvier avait pour objectif de recentrer et renforcer l'action militaire conjointe entre la France et les pays du G5 Sahel, tout en plaidant pour un renforcement de la présence internationale à leurs côtés. Il avait permis de redéfinir le cadre opérationnel et stratégique de l'action au Sahel, illustré par les quatre piliers suivants : recentrage de l'action militaire au niveau des trois frontières, renforcement des capacités militaires des états sahéliens, appui au retour des États et de leurs administrations sur les territoires et renforcement de l'aide au développement.
Le sommet d'hier à Nouakchott a permis, comme vous l'avez expliqué, de souligner plusieurs résultats encourageants : la neutralisation du chef d'Al-Qaïda au Maghreb islamique qui, au-delà de sa valeur symbolique a porté un coup majeur à l'organisation, comme celles de plus de cinq cents djihadistes ces derniers mois ; le renforcement des capacités militaires, avec sur le terrain un engagement accru des Européens qui sera d'autant plus fort après le déploiement de la force Takuba cet été ; un redéploiement progressif des administrations et le retour de certains déplacés dans leurs localités d'origine, ce qui constitue un signe encourageant et démontre une amélioration des opérations de sécurisation… Je tiens d'ailleurs à souligner que la tenue de ce sommet en ces temps troublés, où la pandémie de covid-19 est loin d'être derrière nous, est un signe fort de résilience des pays du G5 Sahel qui doivent résoudre les problèmes sécuritaires, humains et sanitaires dans la région.
Ma question porte sur trois sujets : comment la France et ses partenaires du G5 Sahel comptent-ils impliquer davantage les pays européens à leurs côtés ? Le déploiement de la force Takuba aura lieu cet été : avez-vous des précisions à nous donner sur ce sujet crucial ? Concernant le développement, l'appel à l'annulation de la dette des États du G5 Sahel a été renouvelé à l'occasion de ce sommet : pouvez-vous nous dire quelles sont les chances que cet appel soit entendu ? De même, selon vous, y a-t-il une possibilité d'accélérer la mise en œuvre des programmes, notamment dans le cadre de l'Alliance Sahel ? Enfin, je désire vous faire part sans langue de bois des retours que j'ai eus du terrain. Certains États ne semblent pas faire autant d'efforts que d'autres au sein du G5 Sahel, tout en percevant de nombreuses aides. Au Mali et au Burkina Faso, la situation est catastrophique à cause de l'absence d'État. À l'inverse, la Mauritanie a consacré une part de son budget militaire à la surveillance de ses frontières, et l'on constate que depuis dix ans le pays n'a plus aucun attentat. En fait, certains sur place ont le sentiment que les bons élèves sont punis. Quelle est votre opinion sur ce point ? L'avez-vous abordé de manière franche lors de vos échanges ? Et avez-vous également abordé les massacres ethniques, comme celui des Peuls au Mali ?