J'entends les paroles sur la Turquie, et je me félicite d'ailleurs des déclarations du Président de la République, mais le problème de la crédibilité de notre politique étrangère et de celle de l'Union européenne, c'est que les paroles ne sont jamais suivies d'actes. Erdoğan n'a que mépris pour la faiblesse de la France et de l'Union européenne : il monte toujours d'un cran. Il a occupé une partie de la Libye ; il y implante des djihadistes qu'il avait soutenus en Syrie, avec des conséquences dévastatrices pour le Maghreb et la Tunisie voisine qui est déjà très fragile ; il prend à revers l'engagement de nos troupes très sévère et très courageux au Mali. Bref, il se moque intégralement de nous, menace notre marine, et je n'entends de votre part que le mot « clarification ». Je suis inquiet.
Nous avons des armes : les droits de douane sont à zéro pour les produits turcs, et nous pouvons mettre à genoux l'économie turque ; les visas ; la saisie des avoirs bancaires des dirigeants turcs ; les milliards de subventions… Pour l'heure, nous subventionnons un dictateur qui humilie l'Europe, qui met en danger notre arrière-cour, et nous parlons de clarification. Pardonnez-moi de vous le dire, avec beaucoup de respect : l'histoire a montré que les gouvernements faibles le payaient très cher. Erdoğan ne s'arrêtera que quand une limite ferme lui sera fixée. Et j'attends la limite. Je ne comprends pas pourquoi la France, sauf à être sous la domination complète de l'Allemagne, ne réagit pas. Cela montre d'ailleurs qu'il n'y a pas de politique étrangère française : il y a une politique étrangère européenne, car en vérité, ce sont nos partenaires qui ne veulent pas chatouiller Erdoğan.
Quant à l'OTAN, on nous avait dit que la réintégration dans son commandement militaire intégré allait nous permettre d'être influent ; on voit que c'est tout l'inverse.
Enfin, pouvez-vous nous confirmer que le Mali achète des armes à la Russie ? Et que le sacrifice de nos soldats qui tombent sur le sol malien sert à renforcer la Russie ? Je l'ai lu : ce n'est peut-être pas vrai, c'est pourquoi je vous pose la question.