Intervention de Hubert Julien-Laferrière

Réunion du mercredi 7 octobre 2020 à 15h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHubert Julien-Laferrière :

Le 15 septembre, à la Maison Blanche, sous la présidence de Donald Trump, les Émirats arabes unis et le Bahreïn ont signé des accords de normalisation de leurs relations avec Israël – les accords d'Abraham. Quand la paix progresse, quand la reconnaissance d'Israël – qui a su rester une démocratie bien qu'étant entouré d'États qui souhaitaient sa disparition – progresse, il faut a priori s'en réjouir.

Néanmoins, à mon initiative, soixante parlementaires se sont interrogés dans une tribune sur les angles morts de ces accords dont nous craignons qu'ils ne soient pas forcément de nature à favoriser une paix juste.

L'on ne peut ignorer ce qui se joue pour la riche fédération des Émirats arabes unis, qui fut à la tête des forces qui souhaitaient clore l'épisode des printemps arabes et qui use autant de soft power que de hard power pour faire avancer ses intérêts dans la région – au Yémen, où nous sommes témoins impuissants d'une catastrophe humanitaire, comme en Libye, où son ingérence est dénoncée par les organisations de défense des droits humains.

Nous avons affaire à des accords qui ne changent rien pour les Palestiniens – leurs droits fondamentaux ne sont pas pris en compte. Ils ne changent rien au régime d'occupation. Nous avons même vu que la colonisation continue depuis leur signature ! Le Premier ministre Benyamin Netanyahou a approuvé la construction de cinq mille nouveaux logements en Cisjordanie. Pire, le projet d'annexion d'une grande partie de la Cisjordanie, dénoncé par la France, n'est même pas abandonné – contrairement à ce qu'ont affirmé les Émirats arabes unis.

Ces accords rompent par ailleurs avec le consensus arabe tel qu'édicté en 2002 par le plan du roi saoudien Abdallah. Ce consensus, véritable feuille de route, prévoyait une paix globale entre Israël et tous ses voisins arabes en échange de la création d'un État palestinien sur les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale – c'est la solution que la France soutient officiellement.

Avec ces accords, les Émirats arabes unis ont fait voler en éclats ce consensus et ont brisé un double paradigme : la fin du conflit israélo-arabe selon un schéma multilatéral et la nécessité de revenir au droit international comme base de règlement des conflits.

Monsieur le ministre, quelle est la position de la France concernant ces accords et que signifient-ils pour l'avenir de notre diplomatie dans la région, et de notre soutien à une paix juste qui n'oublie aucun peuple ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.