Intervention de Jean-Louis Bourlanges

Réunion du mercredi 25 novembre 2020 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Bourlanges :

Je joins ma voix à celles de mes collègues qui ont évoqué l'intérêt que Marielle de Sarnez porte à cette grande affaire, qu'elle suit en effet très attentivement. Je m'en félicite et j'attends avec impatience qu'elle puisse le faire avec nous ici directement. Je me joins également aux félicitations adressées aux deux rapporteurs pour ce travail remarquable et leurs commentaires très pertinents sur un sujet passionnant et décisif, qui a été pleinement et excellemment traité. Nous pouvons être fiers qu'un tel rapport ait été élaboré dans notre commission.

Si je ne suis pas tout à fait d'accord, vous l'imaginez bien, avec les propos de Jean‑Paul Lecoq, je considère malgré tout qu'il a raison sur un point : ce n'est pas une réforme révolutionnaire. Marc Le Fur l'a très bien résumé en disant que le système reposait sur quatre éléments et que deux étaient maintenus et deux supprimés. Ce qui est maintenu n'est toutefois pas négligeable, puisque l'on conserve le lien fondamental avec l'euro ainsi que la garantie.

Je suis bien conscient, et c'est un mauvais procès que fait M. Jean-Paul Lecoq à notre Gouvernement, que l'avenir et les décisions appartiennent avant tout aux États africains. De ce point de vue, nous sommes à l'écoute et en respect des décisions prises par leurs gouvernements. Nous avons toutefois le droit d'avoir une vision de la future organisation monétaire de cette partie de l'Afrique.

À ce sujet, je voudrais savoir comment la France et ses partenaires africains perçoivent la convergence, qui n'a rien d'évident, entre les deux systèmes monétaires qui se mettent en place. En réalité, nous voyons bien que nous sommes en train de sortir à pas comptés du système traditionnel fondé sur des liens privilégiés entre l'Afrique de l'Ouest et l'Europe, notamment la France. Nous en sortons à pas ultra-comptés mais il n'en reste pas moins que nous en sortons progressivement. Les États africains concernés vont vers un système de solidarité avec d'autres États de la zone, notamment le Ghana et surtout le Nigeria. Le rapport fait ressortir très nettement l'extraordinaire difficulté qu'il y aurait à créer une zone monétaire commune solide – à l'image de l'intégration que nous connaissons en Europe avec l'euro – dans la mesure où des États sont loin de répondre à des critères de convergence suffisants, mus qu'ils sont par des intérêts économiques très spécifiques à certains États et pas à d'autres. Je pense notamment au pétrole nigérian.

Le système actuel apporte une sécurité et une garantie contre l'inflation ; dans le même temps, il offre l'opportunité d'une monnaie forte qui favorise l'importation et défavorise l'exportation de ces pays. Qu'apporterait l'autre système ? Si les États en question s'engagent plus avant dans l'intégration d'une zone africaine, ne risquons‑nous pas d'aboutir à un chaos économique et monétaire dans lequel duquel nous serions amenés à nous dégager complètement ? Quel est, selon les rapporteurs, l'avenir prévisible des équilibres monétaires dans cette zone de l'Afrique ?

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