Intervention de Meyer Habib

Réunion du mercredi 25 novembre 2020 à 15h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMeyer Habib :

Lors de la séance de questions du 27 octobre, j'avais interrogé le Gouvernement sur les provocations, les agressions et les humiliations imposées au Président de la République par le président Erdogan, le nouveau sultan d'Ankara – auxquelles s'ajoutent les problèmes avec la Grèce et Chypre, son ingérence dans les conflits, le chantage migratoire, etc. Le ministre de l'intérieur m'avait répondu dans son domaine de compétence, en dénonçant l'entrisme d'Ankara dans l'islam de France. Nous sommes à la veille du Conseil européen, et vous venez pour votre part, monsieur le ministre, d'affirmer que des déclarations de la part du leader turc ne suffiraient pas – dont acte.

Erdogan ne comprend que les rapports de force. Va-t-on prendre des sanctions véritablement dissuasives ? Y a-t-il un consensus européen sur le sujet ? J'écoutais avec attention mon ami Hutin souligner l'importance que la France assume le leadership sur cette question.

Le 11 novembre, nous, Français, nous sommes associés, lors de l'assemblée générale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), à une résolution condamnant Israël pour violation des droits à la santé des Palestiniens. Il s'agit là d'un texte mensonger : vous savez très bien que tous les Palestiniens se font soigner dans les hôpitaux israéliens ; ainsi Ismaïl Haniyeh, le leader du Hamas, ou Saëb Erakat, qui – hélas pour les Palestiniens – est mort dans un hôpital israélien il y a deux semaines. Cette résolution a été promue par, entre autres, la Turquie d'Erdogan, cette grande démocratie qu'est la Syrie d'Assad et l'Autorité palestinienne. Franchement, monsieur le ministre, pensez-vous que ce vote en faveur d'une résolution turque mensongère et diffamatoire soit de nature à renforcer notre crédibilité dans le bras de fer qui nous oppose au président Erdogan ? Comment expliquer que la France décide de s'associer à cette résolution honteuse de l'OMS, alors que, dans le même temps, le Quai d'Orsay reste silencieux face aux manifestations de la rue palestinienne, où l'on crie « mort à la France » et l'on brûle des portraits du Président de la République devant la résidence de notre ambassadeur à Tel-Aviv, devant l'ambassade de Tel-Aviv et devant le mont du Temple à Jérusalem ? Je n'ai entendu aucune condamnation sur ce point ! En revanche, nous continuons à condamner la construction de n'importe quel logement en Judée-Samarie, alors que, pour sa part, M. Pompeo, le secrétaire d'État américain, se rend dans le Golan et dans une implantation juive de Samarie. Je sais que la France n'a pas la même position que les États-Unis sur le sujet, mais la paix est en train de se faire dans la région. Le premier ministre israélien, M. Netanyahu, aurait selon toute vraisemblance rencontré le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane, dit MBS, un accord de paix a été signé au Soudan et nous – je vous le dis amicalement mais avec franchise, monsieur le ministre –, nous continuons de raisonner avec un logiciel périmé et regardons passer le train de la paix. D'un côté, il y a des pays comme la Turquie ou l'Iran, mais, de l'autre côté, certains pays arabes, dont beaucoup de sunnites, changent : il faut le prendre en considération.

S'agissant précisément de l'Iran, je connais la position du Quai d'Orsay sur le sujet et sais que vous êtes, à titre personnel, favorable à l'accord, mais la porte-parole du ministère allemand des affaires étrangères a récemment déclaré que l'Iran n'avait pas cessé de violer l'accord et qu'il se dirigeait vers le nucléaire. C'est une immense inquiétude pour le monde entier, et tout particulièrement pour le monde libre, de savoir qu'un État islamiste pourrait disposer de la bombe nucléaire. Je sais que vous y êtes opposé. J'aimerais vous entendre à ce sujet.

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