Intervention de Jean-Michel Clément

Réunion du mardi 2 février 2021 à 17h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Michel Clément :

Je me suis aperçu que les précédents Présidents de la République ont tous promis d'atteindre l'objectif de 0,7 % – ce fut le cas en 1981, 1992, 2000, 2002, 2005, 2008, 2012, 2014 et 2015. Faire une promesse, c'est une chose, la tenir, c'est en une autre… Le Président Macron a été plus modeste : il s'est engagé à atteindre un taux de 0,55 % en 2022, contre 0,44 % cette année.

Premier bémol, l'augmentation de l'aide française au développement, rapportée au PIB, doit beaucoup au fait que ce dernier a chuté en 2020 et 2021, à cause du covid. Le dénominateur est donc plus petit.

Autre bémol, 20 % de l'aide consistent en des prêts, selon les documents budgétaires. L'ONG ONE, qui a été citée, parle même de 50 %.

Je rappelle aussi qu'une partie des crédits ne quitte pas la France : elle est consacrée aux frais de scolarité d'étudiants étrangers et aux bourses qui leur sont versés, ainsi qu'à l'aide destinée aux réfugiés présents sur le territoire français. Nous l'avions fait remarquer lors de l'examen en commission du projet de loi de finances pour 2021.

Par ailleurs, si notre aide passe de 12 à 17 milliards d'euros en un an, c'est parce que le Gouvernement anticipe, comme le Fonds monétaire international (FMI), une explosion du surendettement dans les pays pauvres : il a prévu d'annuler 4 milliards d'euros de dette l'an prochain, ce qui est intégré dans le calcul de l'aide au développement. Certes, personne ne se plaindra que la dette de certains pays soit allégée, bien au contraire, mais il faut reconnaître que les populations n'en bénéficieront pas directement.

Si la France accroît plutôt son aide aux pays pauvres, au lieu de la diminuer alors qu'elle traverse une crise importante – un mouvement inverse avait eu lieu après 2008 –, c'est que la crise qui s'annonce n'a rien à voir avec celle de 2008, notamment pour les pays africains. Alors qu'ils n'avaient pas connu de récession à cette époque, ils vont en subir une. Des risques de déstabilisation pèsent, de ce fait, sur le continent africain. Sur le plan sanitaire, ne pas aider les pays en difficulté où circule le virus prolongerait la pandémie.

Au-delà des chiffres, on doit regarder les faits et les conséquences. Malgré la bonne volonté affichée, nous sommes en retrait par rapport aux besoins des pays en difficulté. Voilà les remarques d'ensemble que je voulais formuler – je n'ai pas de question particulière à poser.

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