Intervention de Michel Herbillon

Réunion du mercredi 3 février 2021 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Herbillon :

Monsieur le président, après une telle présentation par notre rapporteur, j'hésite entre parler ou me taire, mais avant tout je le remercie.

J'évoquerai d'abord le calendrier. D'une part, la durée de trois ans nous semble beaucoup trop courte. D'autre part, sauf à accepter que l'Assemblée nationale soit un théâtre d'ombres, nous pouvons regretter de devoir nous pencher en février 2021 sur un COM entré en vigueur en 2020 et s'achevant en 2022. Cet examen intervient donc au cours d'une exécution déjà entamée, alors que notre commission aurait pu être saisie en amont de l'élaboration du COM afin de présenter des remarques pouvant contribuer à son amélioration.

Rappelons aussi que le projet de loi sur l'audiovisuel est devenu une Arlésienne puisque, sans cesse annoncé, il est sans cesse repoussé. Je défie quiconque, qu'il appartienne à la majorité ou à l'opposition, d'avancer une date pour son examen.

Certains des objectifs de ce COM nous conviennent. Il est bon d'avoir des synergies, des coopérations, une feuille de route commune à l'ensemble de l'audiovisuel public et d'affirmer sa dimension européenne et internationale.

Nous soutenons la priorité donnée par FMM à la promotion du rayonnement international de la France, des valeurs démocratiques et de la francophonie. Ces objectifs sont partagés au sein de notre commission, monsieur le président.

Il en est de même pour la réaffirmation de la nécessité de lutter contre la désinformation – l'expertise de FMM et sa crédibilité étant précieuses en la matière –, pour l'offre éditoriale ambitieuse destinée à toucher tous les publics ainsi que pour l'accentuation de la transformation numérique du groupe.

En revanche, la distorsion de plus en plus grande entre l'ambition – que nous soutenons – et les moyens de plus en plus limités doit nous inciter à une vigilance extrême et à un suivi régulier. Dans un monde aussi concurrentiel, il est incroyable de fixer des ambitions mondiales de présence de la France au travers de l'audiovisuel extérieur tout en réduisant considérablement ses ressources, au point de faire entrer la trajectoire financière dans une zone de grande incertitude. Comment notre pays, membre du Conseil de sécurité de l'ONU, peut-il prétendre à une ambition mondiale en réduisant sa présence à l'étranger ? Comment en avoir une sans être présent aux États-Unis et en Scandinavie ? Comment, sauf à faire les déclarations incantatoires dont on a le secret, avoir une ambition française mondiale en ne regardant pas ce que font nos concurrents, non seulement Deutsche Welle, mais aussi RT et les médias chinois ?

Nous constatons des replis, faute de moyens. Les plans de départs volontaires, les restrictions budgétaires et la baisse de ressources publiques que vous avez cités nous inquiètent. Je souhaiterais donc que notre commission saisisse cette occasion pour envisager un suivi régulier, de telle manière que l'écart entre l'ambition mondiale assignée à FMM et les moyens qui lui sont affectés n'aboutisse pas à trop de déconvenues dans l'exécution de son contrat.

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