Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du mardi 2 mars 2021 à 18h00
Commission des affaires étrangères

Jean-Yves le Drian, ministre :

S'agissant de l'accord de Paris, le retour des États-Unis était un préalable, sachant qu'ils sont le premier émetteur de gaz à effet de serre. En vue de Glasgow, nous jugerons lors du sommet du 22 avril où a été placé le curseur. Je me suis déjà entretenu avec M. Kerry ; il est tout à fait allant et a l'expérience des accords de Paris. Il faut évidemment que les ministres des affaires étrangères s'en occupent ! Mon interlocuteur chinois sera bien le ministre des affaires étrangères, c'est bien avec M. Wang Yi que j'échange sur ces questions. Nous devons aussi avancer avec la Chine. Les INDC seront décidées à ce moment-là, ce qui est tout à fait essentiel. Par ailleurs, deux autres conférences auront lieu, sur la biodiversité et sur la désertification, que nous essayerons, si la situation sanitaire nous le permet, de réunir au moment de l'Assemblée générale des Nations unies, avant la COP 26 de Glasgow, en septembre prochain, pour initier une dynamique collective. Mon ministère est totalement partie prenante de cette discussion.

Concernant la Birmanie, j'ai peu à ajouter. Nous allons renforcer les mesures restrictives individuelles à l'égard des hauts représentants de la junte militaire. C'est en cours, nous montrons beaucoup de fermeté. Nous ne manquerons pas de poursuivre la pression internationale dans les semaines à venir, en portant le dossier au niveau de l'ASEAN même si cette dernière pour l'instant n'a pas été extrêmement offensive sur le sujet – car, disons les choses clairement, la question chinoise interfère. Quand nous parlons de ces régions, gardons à l'esprit que la Chine est proche.

En Haïti, la situation est extrêmement préoccupante. Elle ne cesse de se dégrader depuis maintenant deux ans. Le Parlement a cessé de siéger depuis février 2020. Aux Nations unies, nous souhaitons une expression du Conseil de sécurité qui fixe clairement ses attentes vis-à-vis du président Moïse mais aussi de son opposition, pour rétablir les conditions minimales d'exercice d'une vie démocratique et sécuritaire acceptable. Cela suppose le rétablissement des institutions et la tenue d'élections législatives et présidentielles crédibles en 2021, sous les yeux d'observateurs internationaux. Il n'appartient pas à la France de dicter leur choix aux Haïtiens, mais nous sommes liés à ce pays par l'histoire et par la langue et nous menons des efforts importants sur le plan humanitaire : nous ne pouvons donc pas nous désintéresser du processus politique, que nous essayons de mettre en œuvre par le biais des Nations Unies.

S'agissant des Comores, j'ai signé en 2019 un accord-cadre avec les autorités comoriennes, qui comporte des engagements réciproques et un plan de développement de 150 millions d'euros. Nous avons considérablement augmenté notre aide aux Comores. L'application de cet accord se poursuit, même si des ajustements restent nécessaires. Je me suis entretenu à ce sujet, le mois dernier, avec mon homologue M. Dhoulkamal. Nous tiendrons la seconde réunion du comité franco-comorien de haut niveau dès que la situation sanitaire nous le permettra. Nous souhaitons que les élus de Mayotte soient des partenaires de ce dispositif. Malgré les difficultés sanitaires, et parce que nous disposons d'un protocole sanitaire robuste entre la France et les Comores, les opérations de reconduite des flux d'immigration clandestine se poursuivent normalement, même si nous rappelons parfois les autorités comoriennes à leurs engagements.

L'Arménie connaît une crise interne. J'ai pu constater des mouvements des autorités militaires contre le Premier ministre Pachinian. Par ailleurs, le chef de l'État, M. Sarkissian, a refusé aujourd'hui de signer la décision de M. Pachinian de limoger le chef d'état-major. Voilà qui devient compliqué. Il s'agit de problèmes internes à l'Arménie, auxquels nous n'avons pas à nous mêler. Au niveau du fonctionnement interne de la démocratie arménienne, je n'ai pas de jugement à porter. Je souhaite simplement que les choses se passent sereinement et dans le respect des institutions. J'ai reçu mon collègue arménien il y a quelques jours, et Jean-Baptiste Lemoyne s'est rendu en Arménie et en Azerbaïdjan récemment. Nous avons conforté un prêt de politique publique avec l'Arménie, pour lui permettre de s'extraire de ses difficultés financières ; nous avons fait part de notre disponibilité pour des efforts d'investissement et de développement économique, sous réserve que nos intérêts soient tout à fait respectés. Je ne suis pas au courant d'activités de mercenaires français, et je ne dispose pas d'informations particulières sur ce point. Si c'était le cas, je vous en ferais part. Tout n'est pas réglé dans l'application du cessez-le-feu, notamment la question des prisonniers, mais nous œuvrons pour une issue favorable. Par ailleurs, le groupe de Minsk continue de fonctionner, avec un représentant russe, un représentant américain et un représentant français. M. Visconti, ambassadeur, me rend régulièrement compte des évolutions.

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