Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du mardi 2 mars 2021 à 18h00
Commission des affaires étrangères

Jean-Yves le Drian, ministre :

, ministre. Concernant Israël et la Palestine, la situation a évolué : j'ai parlé du multilatéralisme, du cadre international, des deux États et de l'opposition aux actes unilatéraux. Certains points ne changeront pas : l'installation de l'ambassade américaine à Jérusalem, Jérusalem capitale d'Israël, ainsi que, à une échéance plus lointaine, la réouverture des bureaux de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) à Washington. Indépendamment du niveau de priorité qui sera accordé au sujet par les États-Unis, car les priorités régionales sont aujourd'hui très nombreuses pour la diplomatie américaine, nous poursuivrons pour notre part le travail engagé, en essayant d'y associer les Américains. Nous nous sommes rencontrés au Caire, au mois de janvier, pour lancer cette politique de nouvelle initiative au Proche-Orient.

J'en viens au Sahel. Ce qui est frappant, c'est que la question devient européenne. Au niveau militaire, la force Takuba, qui va agir contre le terrorisme, en accompagnement de la force Barkhane et de la force conjointe, regroupe maintenant neuf pays. Certains sont déjà présents sur place, comme l'Estonie. Elle inclut par exemple la République tchèque, le Portugal ou l'Italie. La réunion de la coalition pour le Sahel, des 45 acteurs qui soutiennent notre action, aura lieu à Berlin, ce qui montre l'engagement européen, même si je ne peux vous donner les chiffres exacts. Politiquement, financièrement et militairement, l'enjeu sahélien devient progressivement européen, contrairement à la situation initiale.

Concernant le Suriname, je vais signer avec les autorités du pays, peut-être dès la semaine prochaine, un traité de délimitation de la frontière, à l'occasion du déplacement à Paris de mon homologue surinamien. Cette avancée considérable était une condition nécessaire pour établir une vraie coopération autour de notre frontière commune, même si des incidents ont toujours lieu sur le fleuve Maroni et qu'il est difficile de lutter contre l'orpaillage illégal. La situation exigeait une vraie clarification. Cette signature aura lieu dans quelques jours et les élus ont été informés de ces avancées.

À propos de la muraille verte, Mme Lenne a tout dit. L'initiative de la muraille verte regroupe onze États, du Sénégal à Djibouti. Ce projet, d'abord symbolique et non effectif, avance. La France est pleinement mobilisée sur le terrain pour concrétiser les objectifs fixés. Nous avons engagé, en particulier au Tchad, plusieurs projets dans le domaine agricole, surtout pour le maraîchage et les oléagineux ; nous avons développé une assistance technique pour valoriser les eaux de pluie. S'ajoute un projet d'appui de 150 millions d'euros dans le Tibesti, qui contribuera à la construction de cette grande muraille, qui représente 7 800 kilomètres entre Djibouti et le Sénégal, sur 15 kilomètres de largeur. Ce projet est gigantesque et essentiel pour lutter contre la désertification et réinstaller les acteurs agricoles dans l'agro-pastoralisme. Il a été longtemps sous-estimé et nous voulons le remettre au meilleur niveau.

Madame Dumont, je me suis exprimé publiquement sur la situation en Guinée à plusieurs reprises. La Cour constitutionnelle guinéenne a confirmé la victoire de M. Alpha Condé. Nous en avons pris note, et avons exprimé toutes nos interrogations sur le processus électoral. Nous avons aussi condamné les violences. Que voulez-vous que nous fassions de plus : rompre les relations diplomatiques avec la Guinée ? Souhaitez-vous que nous retirions toute aide à ce pays, et donc aux populations ? Il est juste de dénoncer certaines situations, mais dès que l'on souhaite faire mieux, les réponses ne sont pas simples. J'ai exprimé en tête-à-tête mes oppositions au président Condé. Cependant, les Guinéens sont encore touchés par le virus Ébola et pour lutter contre ce virus, nous travaillons avec le président Condé ! C'est cela la réalité, et il me semble que nous avons raison de le faire.

Enfin, concernant les vaccins, il est évident qu'il n'y aura de réponse à la pandémie que globale. Aider les 92 pays bénéficiaires de l'opération Covax est un devoir à la fois de solidarité et d'efficacité. Le mouvement a commencé, puisque l'opération Covax a permis de mobiliser 2,3 milliards de doses, qui sont acheminées au Ghana, en Côte d'Ivoire et au Bénin. Un élargissement sera ensuite possible, sous réserve que les doses soient bien acheminées et conservées. Les conditions de conservation du vaccin Pfizer ne conviennent pas, mais avec l'arrivée des vaccins AstraZeneca et Johnson & Johnson, nous pourrons peut-être répondre à la demande. Cela est essentiel, il en va de notre solidarité. L'initiative prise sous l'impulsion du Président de la République était indispensable.

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