Mes collègues ont déjà planté le décor. Je voulais faire part d'un sentiment profond qui m'anime. Je constate une dégradation continue et accélérée de la biodiversité depuis longtemps, et partout. Il suffit, pour s'en convaincre, d'observer tout simplement la nature autour de soi. Ceux qui, comme moi, sont nés à la campagne et y vivent encore comprennent que la nature est en grand danger, y compris dans nos territoires, où pourtant une certaine attention existe et où l'on dépend moins de la nature que d'autres. Ceux qui dépendent de la nature lui portent parfois atteinte pour des raisons qu'il serait difficile de leur reprocher. À l'échelle de la planète, un certain nombre de fléaux demeurent. Si nous ne hiérarchisons pas les décisions grâce à des approches internationales, le discours restera vain.
Le premier fléau est la déforestation. Alain David vient de le dire avec justesse : nous ne pouvons parler de commerce international sans évoquer la déforestation, qui sous‑tend une grande partie des activités de commerce. Nous pourrions ralentir certaines activités. Il suffit de voir ce qui s'est passé pendant la pandémie ! L'observation du laboratoire qu'elle constitue nous a montré que lorsque l'homme ne malmenait pas la nature, elle redressait la tête ! Si nous ralentissions la déforestation, la biodiversité s'en porterait beaucoup mieux.
Deuxièmement, nous constatons des réussites en matière de préservation, notamment lorsque nous décidons de mettre en place des mesures fortes dans des parcs naturels. Certains pays n'hésitent pas. Les pays du Nord ont pris des mesures il y a déjà quelques années, après avoir constaté un appauvrissement des zones de pêche. Quinze ans plus tard, l'abondance était de retour. L'abondance a ensuite créé l'envie, expliquant que certains se soient aventurés dans des zones de pêche où ils n'avaient rien à faire. Par le passé, nous avons montré que lorsque l'homme s'intéressait rapidement à cette préservation, la nature allait plus vite encore, et qu'elle avait heureusement la force nécessaire pour réparer tous les dommages que l'homme peut lui infliger.
Dans cette démarche, des grands thèmes doivent être abordés, comme la déforestation. Nous pourrions imaginer une action internationale, qui consisterait à se mettre d'accord pour que des zones entières soient préservées et leur destruction évitée. Tout peut partir en fumée, au sens propre comme au figuré.
Je suis inquiet, car si nous ne prenons pas des décisions à l'échelle de la planète de manière concertée, nous constaterons, année après année, la dégradation de la biodiversité. Les grandes conventions sont louables, mais je reste circonspect quant à leur finalité.