Intervention de Sira Sylla

Réunion du mercredi 19 mai 2021 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSira Sylla, rapporteure :

Chère Sonia Krimi, vous avez raison d'appeler de vos vœux une plus grande coopération entre la France et le Mali. C'est l'objet de la feuille de route de Ouagadougou, qui nous invite à une relation renouvelée avec l'Afrique, à un changement de paradigme, à une association plus importante de la société civile. Ce partenariat d'égal à égal était au cœur du projet de loi de programmation relatif au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales, que nous avons adopté en première lecture à l'unanimité et avec fierté. Nous ne sommes plus au temps de la Françafrique : nous avançons, et nous devons le rappeler. Lors de nos différentes auditions, les autorités maliennes ont sollicité une aide de la France : elles souhaitent notamment une formation plus poussée des magistrats, ainsi qu'une formation des personnels à l'utilisation des outils numériques et à l'organisation des opérations d'infiltration – j'ai évoqué tous ces outils dans mon rapport.

Vous avez raison, le terrorisme touche beaucoup plus les populations civiles. L'ennemi terroriste a fait du Sahel son principal terrain de croissance, menaçant la stabilité de toute l'Afrique de l'Ouest. Cependant, nous devons toujours garder à l'esprit que l'agenda des terroristes est international – l'enlèvement de notre compatriote Olivier Dubois est là pour nous le rappeler.

Monsieur Joncour, vous partagiez les interrogations de Mme Krimi. Il est important de mettre en œuvre l'accord d'Alger ; lors du sommet de N'Djamena, les autorités de transition se sont engagées auprès de la France à le relancer.

Cher Alain David, vous m'avez interrogée sur le calendrier de la transition. Si tout se passe bien, les élections législatives et présidentielle se tiendront en février et mars 2022. Ce n'est toutefois pas évident : la société civile a témoigné du chaos qui régnait au Mali, où il n'y avait quasiment plus d'État. Les populations sur place comme les diasporas n'en pouvaient plus de ce régime corrompu. Pour l'instant, les choses avancent, mais réussira-t-on à tenir le calendrier ? Un délai de dix-huit mois est assez court, dans la mesure où il faut recréer un État – notre collègue Jean-François Mbaye a rappelé qu'il n'y avait plus d'élu au Parlement malien. Vous m'avez demandé, monsieur Mbaye, ce que nous pouvions faire en tant que membres de la commission des affaires étrangères : nous devons être vigilants et nous assurer que ce calendrier peut être respecté dans la pratique.

Monsieur Clément, vous m'avez demandé si des conventions similaires étaient en cours d'élaboration avec d'autres pays. En matière d'entraide judiciaire et d'extradition, une convention est en cours de finalisation avec le Sénégal, mais la signature a été reportée en raison de l'épidémie de covid-19.

Bien entendu, cher Jean-Paul Lecoq, l'approbation de ces conventions doit s'accompagner d'une vigilance extrême quant à leur mise en œuvre. En effet, pour qu'un accord soit appliqué, il faut qu'il y ait un État. Je vous rappelle les engagements pris à Pau et les efforts consentis par la France dans ce domaine : avec nos partenaires européens, nous œuvrons pour un retour de l'État régalien sur l'ensemble du territoire malien – et comme vous l'avez dit, cher Jean-François Mbaye, le Mali, ce n'est pas seulement Bamako ! L'État malien est centralisé et nous travaillons à son redéploiement, avec les forces de police et de gendarmerie, sur tout le territoire. C'est aussi dans cette optique que nous nous efforçons à renforcer la chaîne pénale des pays du G5 Sahel.

Cher Bruno Fuchs, il faut évidemment consacrer des moyens à l'application de ces conventions. Là encore, je rappelle les quatre piliers définis au sommet de Pau : la lutte contre le terrorisme – le coup d'État a certes freiné les avancées en la matière, mais le sommet de N'Djamena a aussi montré que les terroristes avaient été lourdement frappés et que l'intervention militaire s'était soldée par une victoire –, le renforcement de l'appareil militaire à travers la formation des forces armées nationales et la fourniture d'équipements, le retour de l'État, dont nous avons déjà parlé, et l'aide au développement, qui est aussi très importante. Ces quatre piliers, combinés aux deux conventions qui font l'objet du présent projet de loi, nous permettront d'avancer.

En effet, monsieur Mbaye, les membres du Conseil national de transition ne sont pas des élus : il n'y a pas encore de députés maliens. Ainsi que je l'ai rappelé, les élections législatives et présidentielle sont officiellement prévues pour février et mars 2022 – et encore, nous ne savons pas si ce délai est réaliste. Comme vous nous y avez vous-même appelés, j'invite l'ensemble des membres de la commission des affaires étrangères à suivre de très près la situation au Mali.

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