Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du mercredi 19 mai 2021 à 17h00
Commission des affaires étrangères

Jean-Yves le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères :

Oui. Pour la première fois – le compte rendu des conclusions du dernier Conseil européen des ministres des affaires étrangères en atteste –, le haut représentant Josep Borrell a abordé la question libanaise, qui est devenue un sujet européen. Nous continuerons à exercer une pression sur les dirigeants libanais pour qu'ils prennent les décisions qui s'imposent, au lieu d'adopter une attitude d'attente des élections législatives, dont nous devons faire en sorte qu'elles aient bien lieu en 2022.

Je reviens brièvement au sujet précédent, car j'ai omis d'indiquer qu'une réunion exceptionnelle du Conseil européen des ministres des affaires étrangères, consacrée à la question israélo-palestinienne, a eu lieu hier après-midi. Après trois heures de discussions, nous sommes parvenus à un accord déclaratif du haut représentant, à peu près sur les mêmes bases que ce que j'ai indiqué : appel au cessez-le-feu immédiat ; mise en œuvre des dispositions adoptées par la communauté internationale, notamment par le Conseil de sécurité ; effort considérable pour l'humanitaire.

J'en viens au Tchad. J'ai assisté aux obsèques du président Idriss Déby. Les circonstances de sa mort sont particulières : c'est deux jours après la proclamation du résultat de la présidentielle – certains questionnent l'élection, mais elle a bien eu lieu, avec 65 % de participation –, que le président élu a été mortellement blessé, à 300 kilomètres au nord de N'Djamena. Il avait pris la tête de son armée pour stopper la progression de groupes rebelles, entrés sur le territoire depuis la Libye et qui fonçaient sur la capitale. La situation est quelque peu exceptionnelle.

Trois principes guident l'action de la France au Tchad. Nous sommes attachés à l'intégrité et à la stabilité territoriale du pays face à la menace de groupes armés en provenance de Libye – cela a été le cas du Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT). Nous soutenons une transition pacifique, d'une durée limitée et qui s'appuie sur un gouvernement civil d'union nationale et sur le dialogue avec l'ensemble des acteurs politiques et de la société civile, en vue d'aboutir à des élections libres et transparentes. Nous soutenons l'initiative de l'Union africaine, prise vendredi dans le cadre du Conseil de paix et de sécurité (CPS), visant à accompagner cette transition.

J'ai rencontré hier le Premier ministre, Albert Pahimi Padacké. Il a constitué un gouvernement de transition qui inclut des membres de l'opposition, en particulier des représentants du parti de Saleh Kebzabo, le principal opposant. M. Padacké était lui-même candidat contre le président Déby lors des dernières élections – il n'avait pas réalisé un score mirobolant. Ce gouvernement a décidé de constituer un Conseil national de transition, qui jouera le rôle d'une assemblée parlementaire – il s'agit en quelque sorte d'une assemblée constituante.

Pour l'instant, tout cela reste au niveau des principes. J'ai rappelé à M. Padacké la nécessité de constituer le Conseil national de transition dans les plus brefs délais, de faire en sorte qu'un dialogue national s'instaure, de respecter les dix-huit mois prévus pour la transition et de s'en tenir au principe selon lequel les personnes en responsabilité ne seraient pas éligibles au terme du processus – en vertu de ce que l'on pourrait appeler la « jurisprudence malienne ». Ces principes sont les mêmes que ceux formulés par le Conseil de paix et de sécurité, et le président de la Commission de l'Union africaine, M. Moussa Faki Mahamat, que j'ai rencontré hier à Paris, a rappelé que son organisation veillerait à ce que les choses se déroulent de la sorte.

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