Je souhaite aborder deux sujets brûlants et complexes.
En tant que président du groupe d'amitié de l'Assemblée nationale entre la France et la Birmanie, j'évoquerai d'abord la situation dans ce pays. Les choses ne se sont pas arrangées : la junte poursuit ses exactions. Les personnalités détenues n'ont toujours pas été relâchées. Les manifestations populaires sont réprimées avec de plus en plus de violence. Les députés et personnalités birmanes ayant réussi à échapper aux arrestations ont constitué un gouvernement d'union nationale en exil, le NUG, incluant pour la première fois des représentants de toutes les ethnies du pays. Face au blocage systématique des initiatives des Nations unies, du fait du veto des Russes et des Chinois, quelles actions complémentaires notre diplomatie et celle de l'Europe envisagent-elles ? Surtout, la reconnaissance du NUG est-elle à l'ordre du jour ? Les diplomaties américaine et britannique l'envisageraient.
Au Tchad, à la suite du décès d'Idriss Déby, un gouvernement de transition a été constitué autour de la junte militaire dirigée par l'un des fils de l'ancien président. Celui-ci, général de corps d'armée à seulement 37 ans, ce qui est remarquable, déclare avoir le soutien de la France. Vous-même, vous vous êtes interrogé en ces termes : « Est-ce que le Conseil militaire de transition va assurer la stabilité, l'intégrité du Tchad ? » Quant à la capacité de ce conseil à mettre en œuvre le processus démocratique, vous avez émis également un certain nombre de réserves.
Outre celle que représentent les rebelles, la principale menace pour le nouveau régime pourrait venir de l'intérieur, car la prise de pouvoir par ce jeune général en chef est soudaine et risque d'attiser certaines convoitises au sein même du clan du défunt chef de l'État, où des rivalités se font jour. Ce clan est d'ailleurs accusé par les ONG d'avoir accaparé depuis trente ans les principaux postes au sein de l'armée et du pouvoir civil, mais aussi l'essentiel des ressources de l'État, ce qui n'est pas très bien vu dans le pays.
Le chef de l'État et vous-même vous êtes rendus aux obsèques du président Déby. Le président Macron a également assuré de son soutien le chef du gouvernement de transition. Ne va-t-on pas, une fois encore, au-devant des critiques, notamment celles qui consistent à dénoncer la Françafrique ? Certes, il faut continuer à lutter contre le terrorisme et les djihadistes qui agissent dans la région, mais ce régime est loin d'être démocratique.