Intervention de Jean-Paul Lecoq

Réunion du mercredi 19 mai 2021 à 17h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

Je suis étonné qu'au nom de la stabilité, la France considère comme chez elle le Liban, le Tchad ou le Mali parce qu'ils n'ont pas de gouvernement stable. Heureusement que nous n'avons pas réagi de la même façon quand la Belgique est restée quatre cents jours sans gouvernement – cela aurait surpris l'Union européenne ! Le Liban est en train de devenir le cent deuxième département français ! Vous en avez appelé au respect du droit international : qu'en est-il du multilatéralisme ?

Concernant la question israélo-palestinienne, les hostilités doivent rapidement cesser afin de renouer le dialogue. Vous expliquez que plus personne ne se soucie de la situation au Moyen-Orient : vous ne pouvez pas dire que la commission des affaires étrangères ou les députés ne vous ont pas alerté par le passé : nous vous avons interpellé concernant la libération de Salah Hamouri, les événements à la frontière de Gaza, le boycott, etc. Nous n'avons cessé de nous inquiéter de l'état des lieux, et nous continuerons à le faire, d'autant qu'on ne peut plus critiquer ou combattre la politique actuelle d'Israël sans être accusé d'antisémitisme. On ne peut plus être solidaires du peuple palestinien et manifester sans être étiqueté comme antisémite. On a même interdit à Stéphane Hessel d'intervenir dans une grande école de Paris pour ce motif ! Il faut en sortir : tous les démocrates du monde doivent pouvoir critiquer tous les pays et leur politique. Un État ne peut être soumis à une règle spéciale. L'exécutif français doit se positionner clairement car les journalistes nous demandent pourquoi personne ne parle.

Qu'en est-il des sanctions alors que les colonies continuent à se développer ? Nous vous avons interpellé sur ce sujet à plusieurs reprises, sans succès. Vous brandissez le droit international, mais qu'en est-il de la solution à deux États ? Il y a une différence entre les déclarations et l'application du droit international. Qu'est-ce qui est mis en œuvre pour le respecter ? Les exemples sont nombreux de résolutions de l'Organisation des Nations unies (ONU) qui ne sont ni appliquées, ni respectées, notamment par la France. Il est urgent que notre pays reconnaisse l'État palestinien – le deuxième État –, afin d'enclencher le processus de paix entre les deux États. La discussion sera alors bien plus équilibrée, et juste.

Monsieur le ministre, j'aimerais également vous interroger sur la situation du Parti démocratique des peuples (HDP), troisième force politique turque, que le gouvernement d'Erdogan veut faire interdire – envisagez-vous d'ailleurs, comme d'autres pays l'ont fait, de sortir le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) de la liste des organisations terroristes ? Serez-vous solidaire des élus du HD, qui, au terme du procès dit de Kobané, risquent d'être condamnés à la prison à vie parce qu'ils ont joué leur rôle politique ? En tant qu'élus de l'Assemblée nationale, nous leur devons cette solidarité car ils ont été élus démocratiquement. Je m'arrêterai là, même si j'aurais aimé vous parler du comité de La République en Marche à Dakhla, au Sahara occidental, mais le sujet est lié à celui, précédemment évoqué, de la bonne application des résolutions de l'ONU…

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