Intervention de Bruno Fuchs

Réunion du mercredi 19 mai 2021 à 17h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBruno Fuchs :

Le sommet sur le financement des économies africaines, qui s'est tenu hier à l'initiative de la France et du président Macron, s'est conclu par un effort international sans précédent.

Cet événement fait suite à un certain nombre d'initiatives qui marquent toutes une rupture avec la Françafrique : restitution d'œuvres au Bénin et au Sénégal, ouverture des archives sur Thomas Sankara, rapport Duclert sur le Rwanda, fin du franc CFA. Autant de décisions qui témoignent de la volonté d'ouvrir un nouveau chapitre de la relation avec les pays africains.

Mais d'autres événements et prises de position montrent que la mue, si elle est bien engagée, n'est en rien achevée. Les déclarations sur le processus électoral en Guinée ou en Côte d'Ivoire ont provoqué l'incompréhension et même la colère de la part d'une partie des populations concernées et des diasporas, venant ainsi renforcer le sentiment anti-français. Au Mali et au Tchad, la France a assisté impuissante à deux coups d'État. Et pourtant, la corruption au Mali ou le changement intempestif de Constitution au Tchad constituent autant de pratiques contraires à nos valeurs démocratiques, qui auraient pu nous amener à prendre davantage de distance avec ces États.

S'agissant du Tchad, j'ai noté un début de rupture, source d'espoir. Lors d'une conférence de presse, le Président de la République a déclaré qu'il était opposé à tout plan de succession – en clair, de succession du père par le fils. Cette déclaration est-elle circonstancielle et ne s'applique-t-elle qu'au Tchad ? Ou s'agit-il d'une nouvelle jurisprudence diplomatique, un pas de plus vers une rupture définitive avec la Françafrique ?

Si tel est le cas, cette jurisprudence pourrait s'appliquer à d'autres pays, comme la Guinée et le Gabon, où la situation est de plus en plus fragile. Tout laisse à croire que le fils d'Ali Bongo, Noureddin, se prépare à succéder à son père, comme l'avait déjà fait le sien.

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