Certains propos m'épatent, monsieur Fuchs ! J'ai rappelé les conditions exceptionnelles du décès du président Déby, au pouvoir depuis trente ans. La Constitution tchadienne prévoit qu'en cas d'empêchement du président de la République, c'est le président de l'Assemblée nationale qui assure la transition. Dans la mesure où celui-ci renonce, parce que le pays fait face à une invasion extérieure et qu'il est en état de guerre, que pouvons-nous faire ? Je serais heureux de connaître votre réponse. Et lorsque les Tchadiens désignent un général pour essayer de sauver la situation militaire, devons-nous valider cette nomination ? N'est-ce pas cela, la Françafrique ? En revanche, il convient d'être extrêmement vigilant sur les engagements pris pour la transition, que l'Union africaine appuie, et sur lesquels tout le monde est d'accord. Ça, ce n'est pas la Françafrique, c'est le respect du pays.
Je sais que votre avis est différent, mais j'aimerais que vous me disiez comment nous devons procéder, ou comment les Tchadiens doivent-ils faire, pour ne pas tomber sous le coup de l'accusation de rétablissement de la Françafrique ! Il n'y a pas davantage de « jurisprudence » sur la filiation. Je ne sais pas où vous êtes allé inventer cela ! Nous sommes attachés au respect de la démocratie – c'est autre chose.
Madame Ali, la France succédera aux Comores à la présidence de la Commission de l'océan Indien à partir de demain. Il s'agira de décliner un agenda de coopération de proximité avec nos partenaires, et les conclusions que vous avez évoquées seront évidemment intégrées dans le partenariat du sud-ouest de l'océan Indien. Ce partenariat spécifique qui nous associe aux pays voisins est un outil essentiel dans cette zone sensible.
Madame Lazaar, nous sommes engagés dans un processus de négociation de la proposition de résolution avec les membres du Conseil de sécurité des Nations unies, en particulier les États-Unis. Nous espérons aboutir à un résultat, mais les discussions ont débuté seulement aujourd'hui.
Le rôle des diasporas n'a pas été oublié lors des discussions au sommet de financement des économies africaines. Plusieurs membres de diasporas y sont intervenus et le Président de la République a souligné son importance à plusieurs reprises. La question sera à nouveau abordée lors du sommet Afrique-France, reporté en raison de la situation sanitaire au mois d'octobre, à Montpellier.
Monsieur Mbaye, le risque d'extension régionale du conflit au Proche-Orient est le principal sujet d'inquiétude. On commence à voir des départs de roquettes depuis le sud du Liban et des déstabilisations potentielles à partir de la Syrie : c'est très préoccupant. J'espère que le bon sens et la responsabilité vont revenir au centre du jeu, sans quoi la situation pourrait devenir dramatique. Il y a eu d'autres situations conflictuelles ces dernières années, mais jamais les risques n'ont été aussi grands.
C'est vrai, madame Lakrafi, il est nécessaire d'entretenir une relation spécifique avec Djibouti. La France y est vraiment présente, à la hauteur de l'importance que lui accorde le président Ismaïl Omar Guelleh. Il est exact qu'il y a de la concurrence avec les Chinois, mais aussi avec les Japonais et les Américains. Étant donné la situation géographique de ce pays, il peut attirer les investissements, voire les convoitises. Mais nous sommes bien placés pour en faire un hub de la présence française dans l'ensemble de la région.
Madame Dumont, la France a multiplié par cinq sa contribution au Partenariat mondial pour l'éducation pour la période 2018-2020. Cela montre la force de notre engagement, en particulier sur la place de l'éducation des filles. Ce sujet sera d'ailleurs abordé lors du Forum Génération Égalité qui se tiendra très prochainement ; nous souhaitons aussi en faire un sujet majeur lors du sommet du G7 de juin prochain. Je ne peux pas encore préciser les montants que nous mobiliserons en faveur du Partenariat mondial pour l'éducation, mais nous sommes décidés à être de nouveau au rendez-vous pour la période 2021-2025 et nous marquerons notre présence lors de la conférence de reconstitution de ses ressources.
Le sujet de la TTF, monsieur Julien-Laferrière, a été abordé lors du débat sur le projet de loi de programmation relatif au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales. Je suis très attentif au respect des engagements pris lors de la création de cette taxe, mais d'autres contraintes s'imposent aussi à nous. Je demeure très ouvert à la discussion sur ce point.
Monsieur Laabid, nous suivons avec beaucoup d'attention la situation à Ceuta, qui rappelle l'actualité de la question migratoire, et nous sommes évidemment favorables à un retour rapide à la normale. Le Maroc est un partenaire crucial de la France et de l'Union européenne, notamment face au défi migratoire. La coopération qui existe en la matière entre le Maroc et l'Espagne permettra, je l'espère, d'endiguer les flux irréguliers en Méditerranée occidentale et de prévenir les drames humains qui y sont souvent associés. En tout état de cause, l'Union européenne et les États membres ont mobilisé des fonds importants pour soutenir les efforts du Maroc dans ce domaine. Je suis convaincu que le partenariat entre le Maroc et l'Espagne pourra reprendre sereinement après cette période un peu compliquée.
Madame Le Peih, pour les économies africaines, l'enjeu est bien que les règles d'endettement soient les mêmes pour tous. Il est aussi d'atteindre le niveau de mobilisation financière nécessaire pour mettre en œuvre des plans de relance. Les droits de tirage spéciaux y contribueront. Il faut éviter que ne reprenne le cycle de surendettement, qui conduit à limiter la souveraineté des États africains. La Chine a beaucoup prêté pour financer des infrastructures en Afrique, mais bien des États se rendent compte que lorsqu'ils ont des difficultés à rembourser, ces infrastructures sont en quelque sorte prises en otage. Le cadre commun de traitement des dettes africaines par le G20 et les initiatives annoncées hier devraient permette d'aboutir à un New Deal de la relation économique et financière avec les pays africains.