Intervention de Valérie Thomas

Réunion du mardi 14 septembre 2021 à 16h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Thomas :

Monsieur le ministre, nous sommes ravis de vous retrouver après une coupure estivale riche, cette année encore, d'événements internationaux. Le 15 août, Kaboul est tombée aux mains des talibans au terme d'une offensive rapide, sous les yeux du monde entier, stupéfait de la facilité de cette prise de pouvoir. Cette débâcle a été considérée par beaucoup comme une victoire politique et médiatique des talibans sur les Américains, tragique et hautement symbolique à l'approche du vingtième anniversaire du 11 Septembre. Chacun gardera en mémoire les images de la panique des Afghans prêts à tout pour quitter leur pays. Nous nous devons de rester attentifs à l'évolution de la situation, de réagir au chaos humanitaire qui s'installe dans le pays et d'être particulièrement vigilants s'agissant des filles et des femmes afghanes, qui font preuve d'un courage extraordinaire.

Permettez-moi de saluer le travail remarquable de vos services, en particulier de notre ambassadeur en Afghanistan, M. Martinon, ainsi que du centre de crise et du ministère des armées qui, dans le cadre de l'opération Apagan, ont tout mis en œuvre pour permettre l'évacuation de nos compatriotes et des Afghans menacés. Je tiens également à saluer votre annonce d'une contribution de 100 millions d'euros de la France au plan d'urgence élaboré par les Nations unies.

La prise de pouvoir par les talibans met fin à un cycle d'histoire de l'Afghanistan qui a duré vingt ans après le 11 Septembre, et ajoute un élément aux troubles touchant l'ordre mondial. Vous avez répondu à certaines des très nombreuses questions que soulève ce nouvel épisode.

Comment empêcher que l'Afghanistan ne devienne un pays de repli d'un réseau terroriste international ? On voit bien l'effet du retour des talibans au pouvoir sur le moral des combattants des différents groupes djihadistes dans le monde. Quelles sont les relations entre les talibans et ces groupes, notamment Daech et Al-Qaïda ?

Lors de l'accession au pouvoir de Joe Biden, chacun s'est pris à rêver d'un retour à un multilatéralisme conforté. Que pouvons-nous désormais attendre des États-Unis ? Sont-ils toujours des alliés ? Comment leur retrait des « guerres sans fin » de l'après-11 Septembre affecte-t-il notre continent ? Cet épisode est-il un coup dur pour l'OTAN, va-t-il confirmer sa mort cérébrale ou, au contraire, transformer profondément son fonctionnement ?

Quels seront le rôle et la place sur l'échiquier mondial des grandes puissances que sont la Chine et la Russie ? Comment la Turquie va-t-elle se positionner ? En un mot, quels pays ont un rôle essentiel à jouer pour la protection du peuple afghan et pour assurer une certaine stabilité dans cette partie du monde ?

Enfin et surtout, le moment n'est-il pas venu pour l'Union européenne d'accélérer le processus d'autonomie et d'indépendance stratégique que le Président de la République a appelé de ses vœux dans son discours de la Sorbonne, en 2017 ? Quelle place la France peut-elle prendre pour défendre haut et fort, à l'intention de l'Union européenne mais aussi de très nombreux autres pays, dont ceux de l'axe indo-pacifique, les bases d'un nouvel ordre multipolaire stable et inclusif ?

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