Nous sommes tous marqués par les images de la foule à l'aéroport de Kaboul, mais le peuple afghan reste et continuera de subir la pression des talibans. Ce régime autoritaire, il faut le condamner fermement, sans chercher à jouer ou à dialoguer avec lui. Le patron de l'ONU a appelé au dialogue sur l'aide alimentaire ; il faut s'assurer que les talibans n'en fassent pas un moyen de pression sur le peuple, en faisant en sorte que les ONG en soient détentrices. C'est essentiel.
J'évoquerai surtout la situation des femmes afghanes. Nous ne sommes pas face à une simple répression, mais à une tentative de soumission. Je dois saluer le courage incroyable de ces femmes qui, parfois à vingt, à cinquante, un peu plus ou un peu moins, descendent dans la rue et osent manifester, avec un mot d'ordre formidable : « Notre voix est notre arme ».
Il ne s'agit pas d'une question de tradition. Les femmes afghanes ont été libres. Dans les années 1920, déjà, elles obtenaient des droits civiques. Dans les années 1970, elles ont obtenu le droit de vote. La tradition n'a donc rien à faire là : les femmes afghanes ont le droit d'être des citoyennes à part entière, et aujourd'hui on veut les soumettre. Elles sont privées du droit d'étudier et du droit de travailler, privées d'accès à la culture – tout chant non religieux est interdit en Afghanistan – et la pratique du sport leur est interdite. Les promesses des talibans sont donc déjà enterrées, dès les premières mesures prises. Et ne parlons pas du gouvernement inclusif : c'est un gag.
Ces femmes, et plus largement les démocrates, sont en résistance en Afghanistan. Outre les personnes qui veulent partir d'Afghanistan, comment aide-t-on les gens qui résistent sur place, qui vont se battre contre les talibans pendant des semaines, des mois et peut-être des années ? Comment la France peut-elle affirmer son soutien de façon publique et agir pour que l'Union européenne apporte son aide à ces femmes et à ces démocrates en résistance ?
Enfin, je m'interroge sur le rôle du Qatar, sur sa place et son jeu géopolitique dans les années à venir. Nous accueillerons les Jeux olympiques et paralympiques en 2024. J'espère que nous ferons en sorte qu'aucune délégation non mixte ne soit admise à défiler dans notre pays. Il s'agit d'un combat pour les femmes afghanes et pour leur pratique du sport.