Plusieurs intervenants ont abordé la question des droits des femmes en Afghanistan. Il va falloir mener un combat global, de longue durée, au moyen à la fois du financement des mouvements de défense des filles et des femmes dans ce pays – par l'intermédiaire de l'agence ONU Femmes – et d'une médiatisation permanente. Il faut enrôler le maximum de pays et commencer dès maintenant. C'est la seule solution.
S'agissant des cinq critères, les talibans ne les rempliront pas. En tout cas ils ont mal commencé : leur gouvernement, loin du gouvernement de transition représentatif et inclusif qu'ils avaient annoncé, est beaucoup plus radical que ce qu'on avait imaginé et compte certains membres très liés à Al-Qaïda. Là encore, il faut réaffirmer nos exigences de manière permanente. Nous allons le faire aux Nations unies.
L'intérêt de la Chine et de la Russie est de travailler ensemble dans la lutte contre le terrorisme. On peut donc trouver un terrain d'entente de ce point de vue. La meilleure preuve en est la résolution du Conseil de sécurité sur l'Afghanistan qui a été adoptée le 30 août dernier – grâce à leur abstention, certes, mais adoptée quand même. Ce n'était pas acquis d'avance et il faut donc avancer en s'appuyant sur ces convergences possibles.
Les talibans ont des liens très anciens et connus avec le Pakistan. C'est au Pakistan qu'est installée la gouvernance religieuse du mouvement, la choura de Quetta, et ce pays a manifestement une grande influence sur le gouvernement intérimaire mis en place à Kaboul. Le Pakistan est sans doute le grand gagnant immédiat de la nouvelle donne en Afghanistan, en retrouvant de la profondeur stratégique face à l'Inde, ce qui n'est pas secondaire.
Ceci étant, le Pakistan accueille un nombre significatif de réfugiés. Lors des discussions organisées hier soir en visioconférence avec le secrétaire général des Nations unies, j'ai été frappé par le fait que le ministre pakistanais des affaires étrangères soulignait cette situation et demandait de l'aide. Nous aurons donc une discussion intéressante sur les conditions d'obtention de cette aide, qui passera par l'intermédiaire du Haut-Commissariat pour les réfugiés.
Le Pakistan peut aussi s'interroger sur un éventuel accroissement de l'autonomie des talibans et n'est pas complètement sans inquiétude face à la nouvelle situation. Il faut donc essayer d'engager des discussions pour établir une relation constructive en vue de la stabilité régionale. Le plus significatif est que le Pakistan veut manifestement intégrer les espaces de dialogue sur la situation en Afghanistan qui ont été créés depuis quelques jours. C'est un élément intéressant, même s'il faut le prendre avec précaution.
Monsieur Waserman, je crois avoir rencontré hier matin les familles dont vous parliez. Vous m'interrogez sur la suite : nous sommes en train d'instruire des dossiers. Toutes les demandes transmises au Quai d'Orsay sont répertoriées, vérifiées et suivies. Nous disposons des numéros de téléphone des intéressés, et la cellule de crise les appelle en Afghanistan lorsque nous organisons une opération, comme ce fut le cas pour les quarante-neuf personnes d'hier. La France, comme les pays membres de l'Union, est prête à accueillir des demandeurs d'asile et nous suivons tous les dossiers.
Nous le ferions aussi pour des gens qui quitteraient l'Afghanistan par d'autres moyens, mais nous insistons sur les grands risques qui sont liés au franchissement des frontières terrestres du pays. Nous déconseillons cette option, en particulier pour aller vers le Pakistan en passant par Torkham, puis la passe de Khyber : c'est très dangereux. Si certains arrivent dans une de nos ambassades, nous les prendrons bien sûr en charge, mais il ne faut pas prendre trop de risques.
S'agissant de la situation de M. Delpal, nous avons fait part à la Russie de nos très fortes réserves sur la manière dont son procès s'est déroulé. Cette affaire conduit à s'interroger sur l'évolution du climat des affaires en Russie. Nous continuons à accompagner notre compatriote de très près dans ces aventures qu'il aurait préféré éviter, et suivons le dossier avec une grande vigilance.
S'agissant de la Biélorussie, je reçois demain Mme Svetlana Tikhanovskaïa. Le régime de Loukachenko mène une répression très violente. La brutalité des autorités biélorusses n'a fait que s'amplifier – je pense en particulier au détournement du vol Ryanair le 23 mai dernier. Nous apportons tout notre soutien à l'opposition, personnifiée par Mme Tikhanovskaïa, et nous appuyons les aspirations démocratiques du peuple biélorusse. Le régime de Loukachenko ne connaît que la force et nous poursuivons notre politique de sanctions à son encontre. Nous sommes très vigilants au sujet d'une instrumentalisation de la question migratoire : c'est un levier que ce régime essaye d'utiliser, mais en suscitant des réactions très fortes chez les pays membres de l'Union européenne.