L'élection au Sénat de l'un de nos anciens collègues, qui était le principal opposant à la ratification de l'accord de cogestion de l'île de Tromelin, nous offre une opportunité. Cet accord est en effet très important : il est un modèle de coexistence pacifique dans le cadre de revendications concurrentes. S'agissant de cette île, la France dispose d'un avantage historique, mais la légitimité de sa présence est très fragile du point de vue de l'Organisation des Nations unies et des peuples locaux, y compris sur le plan du droit international. Ne pas avoir ratifié cet accord nous place dans une position dangereuse et compromet la possibilité de trouver par la suite des solutions imaginatives à propos des Îles éparses. Il serait donc intéressant, monsieur le président, de prendre l'attache du Quai d'Orsay pour savoir s'il est envisageable de remettre le sujet sur la table au cours de l'année à venir. Je me permets de faire cette proposition, car je sais que l'exécutif déplore ce blocage, qui entrave nos initiatives diplomatiques dans la région, notamment avec Madagascar. Nous pourrions donc lui ôter une épine du pied.
Bien entendu, je soutiens l'approbation de l'accord, mais j'apporterai un bémol. S'agissant des droits de l'homme, la réalité est beaucoup moins rose que ne le fait accroire le formidable marketing de Maurice. Il suffit d'écouter non seulement les opposants mais aussi les Mauriciens de la diaspora présents en France pour s'apercevoir qu'il existe des situations de corruption généralisée, que le régime se durcit et que certaines personnes disparaissent quand d'autres sont emprisonnées sans fondement légal. Ainsi, notre partenariat, non pas avec Maurice en tant qu'État mais avec le gouvernement mauricien, repose sur des bases moins solides et moins confiantes qu'auparavant. Il faut en avoir conscience et montrer que la représentation nationale ne se laisse pas abuser par le marketing politique de Maurice, quelle que soit par ailleurs l'amitié que nous avons pour ce pays.