Le Bénin, qui ne fait pas la une de l'actualité, subit depuis quelques années un véritable autoritarisme au point qu'il semble difficile d'être dans l'opposition sans être menacé d'incarcération ou d'exil. À l'issue du dernier scrutin présidentiel, des dizaines d'opposants politiques ont ainsi été arrêtés. Nombre d'entre eux sont en exil en France, comme l'ancien maire de Cotonou, condamné à dix ans de prison. Vous avez évidemment entendu parler de l'ancienne garde des sceaux, Reckya Madougou, arrêtée depuis plus de neuf mois, dont la candidature à l'élection présidentielle avait été injustement refusée par la Cour constitutionnelle et qui, en moins de vingt heures de procès, a été condamnée à vingt ans de prison... pour terrorisme, excusez du peu ! L'un de ses juges est d'ailleurs lui-même en exil à ce jour pour avoir dénoncé l'utilisation de la justice à des fins politiques. À cela s'ajoutent des conditions de détention humiliantes et indignes.
Vous dites souvent que la France occupe une place singulière sur la scène internationale. Sans faire preuve de trop d'ingérence, il me semble que c'est aussi son rôle de défendre le sort d'opposants politiques dans un pays comme le Bénin, qui est une démocratie depuis plus de trente ans.
Le déplacement dans le Golfe a été présenté comme une grande réussite mais, au-delà de la signature de beaux contrats pour quatre-vingt Rafale, avez-vous eu le temps d'évoquer les droits humains avec Mohammed ben Salmane, en particulier, la situation d'Ahmed Mansour, et celle au Yémen, que les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite bombardent, alors que nous leur vendons beaucoup d'armes ?