Intervention de Jacques Maire

Réunion du mardi 11 janvier 2022 à 21h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Maire :

Je vous remercie.

En fin de mandat, notre stratégie antiterroriste au Mali suppose probablement de prendre un certain recul. Trois faits sont particulièrement importants.

Le premier, bien sûr, est l'action dynamique et efficace de la CEDEAO contre les autorités maliennes avec la fermeture du robinet monétaire. Il semble d'ailleurs que le Mali ne puisse compter que sur quelques semaines de trésorerie avant de se retrouver à sec. Ce sont là des capacités d'action dont nous ne disposions pas auparavant.

Le deuxième est la question du groupe Wagner qui, d'après des sources publiques, est présent sur le terrain et commence à se battre contre les djihadistes, avec les forces armées maliennes (FAMA), notamment dans le centre du pays. Pourquoi une telle présence ? Le groupe Wagner est-il une sorte de garde prétorienne pour soutenir le régime et le protéger contre des actions internationales – auquel cas, c'est un problème politique ? Est-ce une force antiterroriste ou se prétendant telle – auquel cas, en quoi est-elle compatible avec l'action d'autres forces internationales ?

Enfin, le dernier point est plus délicat – je comprendrais que vous n'y répondiez pas publiquement – et concerne les groupes terroristes. D'un côté, il y a Daech, structure qui ne dispose pas d'appui et d'ancrage local, dont les membres viennent pour beaucoup d'autres théâtres d'opération. De l'autre, il y AQMI et le GSIM (Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, JNIM en arabe), ce dernier ayant assuré que la France était sa principale cible. Nous nous sommes félicités de l'avoir « décapité » et nous ne discutons donc pas avec lui mais avec AQMI alors que, dans le même temps, de nombreux acteurs gouvernementaux et locaux au Mali, au Niger ou au Burkina Faso échangent avec lui, comme j'ai pu le constater au cours des quelques jours passés sur place.

Pourtant, en 2021, le JNIM a fait savoir pour la première fois, dans des communiqués de presse officiels revendiqués, que le territoire français ne faisait pas partie de ses cibles. C'est donc un élément nouveau. On peut d'ailleurs considérer que cette déclaration est une victoire française puisque l'un des objectifs essentiels de notre présence au Mali est bien de protéger les Français.

Certains se demandent si cette évolution d'AQMI et du JNIM, que nous avons certainement obtenue grâce à la pression militaire, ne doit pas être considérée comme une victoire et une possibilité pour engager une discussion, non une discussion diplomatique aimable mais une discussion armée, afin d'obtenir de nouvelles avancées – je pense à la protection des pays voisins du Mali, ceux du Golfe de Guinée, et à celle des acteurs français dans cette zone.

Le Président de la République, il y a quelques mois, a décidé un redéploiement des forces de l'opération Barkhane. Depuis, nous sommes confrontés à un contexte nouveau qui, d'après moi, offre des marges de redéploiement, de discussion et de réflexion et, probablement, un temps propice pour revisiter nos objectifs au Mali.

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