Merci, monsieur le rapporteur, pour votre exposé très clair. Nous souscrivons à vos conclusions, et je salue le travail exceptionnel qui a été accompli, comme toujours, par les administrateurs de la commission.
S'agissant de l'Ouzbékistan, je ne reviendrai pas sur les réformes en cours depuis quatre ans. Vous en avez parlé.
La Tunisie est un ami traditionnel de la France, qui a avec elle une proximité géographique, culturelle et linguistique. Je suis moi-même le produit de ce partage. Mon grand-père, qui a fait la deuxième guerre mondiale, a été détenu dans des prisons allemandes entre 1940 et 1943.
Je ne peux pas m'exprimer au sujet de la Tunisie sans rappeler qu'il n'y a plus de Parlement. Le 25 juillet, j'ai dit que les politiques tunisiens n'avaient fait que de la politique en dix ans. Ils ne se sont pas occupés des gens, du couffin, comme on dit là-bas, c'est-à-dire du panier et donc du pouvoir d'achat du Tunisien moyen. Ils ont fait, en revanche, beaucoup de plateaux télé, ils se sont battus pour avoir tel ministre d'Ennahda ou tel ministre de Nidaa Tounès. Je précise que je ne soutiens aucun parti islamiste au monde : pour moi, l'islam, la religion, quelle qu'elle soit, n'a pas sa place en politique.
L'ensemble de la classe politique tunisienne est responsable de ce qui s'est passé et de l'élection, le 23 octobre 2019, de Kaïs Saïed. L'erreur que ce dernier commet, c'est de penser qu'il sait tout malgré son inexpérience totale en politique et son absence de connaissance des instances municipales, départementales et régionales.
On en veut à Ben Ali ou à Bourguiba qui, certes, n'ont pas laissé une démocratie telle qu'on la souhaite, mais tout de même un État, des administrations, des ingénieurs, des équivalents d'EDF et de toutes les instances que nous connaissons en France. Tout cela était fort. La classe politique et les islamistes à sa tête pendant dix ans ont détruit la Tunisie.
Vous dites que Kaïs Saïed est soutenu par le peuple : je peux le comprendre, mais pas qu'il se prenne désormais pour Robespierre et qu'il pense avoir raison contre tout le monde.
Nous devons être très vigilants, en France, à l'égard de tout ce qui se passe en Tunisie. J'y étais il y a quelques jours : la situation est très critique. Tous les prix ont doublé ou triplé. Il y a des retards de paiement des salaires et des retraites. Je rappelle aussi que le projet de loi de finances pour 2022 a été élaboré par Kaïs Saïed et quelques conseillers – je vous laisse imaginer la catastrophe.
Deux cents entreprises exportatrices qui travaillaient en Tunisie dans le cadre de la loi dite 72, qui permet aux entreprises françaises ou européennes de s'installer en bénéficiant d'avantages fiscaux, ont quitté le pays au cours des six derniers mois. Vous voyez le désastre qui se prépare en Tunisie !
Il ne s'agit pas d'être pro-Ennahda ou pour les anciens bénalistes : nous voulons juste que nos amis tunisiens vivent bien, continuent sur le chemin de la démocratie et ne soient écrasés par aucune future dictature. En Tunisie, je le rappelle souvent, celle-ci s'installe toujours doucement. Ben Ali avait dit en 1989 qu'il serait le premier des démocrates. On a vu la catastrophe qui s'est produite trois ou quatre ans plus tard. Faisons donc attention à ce qui se passe en Tunisie et soutenons nos amis tunisiens dans l'épreuve difficile qu'ils traversent.