Monsieur le ministre, je vous remercie pour la qualité des relations que vous avez entretenues avec notre commission.
Le dossier ukrainien est emblématique d'une nouvelle donne diplomatique qui voit les intérêts stratégiques de la Chine, de la Russie, de la Corée du Nord ou de la Turquie, tous pays autoritaires, converger. On n'entend pas la Russie condamner les atteintes aux droits de l'homme au Xinjiang ou les problèmes avec Taïwan ; on n'entend pas plus la Chine s'agissant de la menace russe aux frontières ukrainiennes. La Douma envisage d'examiner aujourd'hui deux projets de résolution demandant au président Poutine de reconnaître l'indépendance des républiques de Donetsk et de Lougansk – une stratégie qui permettrait sans doute de les annexer en douceur, voire sans résistance. Les troupes russes restent massées à la frontière. La guerre hybride des hackers désorganise l'économie et les services ukrainiens.
Depuis 2014 et le déclenchement des velléités séparatistes au Donbass, l'Europe et la France se sont engagées en faveur de l'apaisement et du cessez-le-feu, avec constance. En février 2015, le président Hollande et la chancelière Merkel étaient en première ligne pour négocier les accords de Minsk 2, qui ont abouti à un relatif statu quo malgré des épisodes funestes, comme la destruction en vol du Boeing de Malaysia Airlines ou les reprises ponctuelles des combats. Le Président de la République a tenu à ce que le semestre de la PFUE percute la période de campagne présidentielle ; il doit l'assumer et réagir avec force. Les menaces de sanctions économiques ou diplomatiques sont manifestement insuffisantes pour ramener le président Poutine à la mesure. Il convient d'envoyer des messages clairs sur la détermination de la France et de l'Europe à œuvrer à la désescalade, tout en garantissant l'intégrité de l'Ukraine.