S'agissant du Sahel, je serais tenté de répondre à M. Mbaye qu'il appartient à la junte de dire si elle veut revenir à l'ordre constitutionnel rapidement ou pas. Au premier coup d'État, on disposait d'un processus, avec un agenda et des échéances : les élections devaient avoir lieu en février. Cet agenda est tombé et le Mali est maintenant géré par une junte de cinq colonels qui s'est autoproclamée légitime pour sept ans. Il faut faire savoir à la diaspora malienne que c'est contraire à tous les principes des organisations africaines et internationales. La balle est donc dans le camp de la junte malienne. Le meilleur chemin qu'elle pourrait choisir, c'est celui que semble prendre le colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba au Burkina Faso, en réponse aux pressions et aux discussions avec la CEDEAO, en engageant un processus de transition assorti d'une charte et d'un calendrier. À plusieurs reprises, la CEDEAO et l'Union africaine ont sollicité la junte en ce sens ; à elle d'assumer ses choix.
Cela ne nous empêche pas de continuer à nous battre contre le terrorisme dans la zone, où la menace a muté, l'action terroriste étant maintenant concentrée sur la zone des trois frontières, et même plus au sud. Le dernier attentat, qui a suscité une réaction militaire assez forte, s'est produit il y a quelques jours au Bénin, qui ne se trouve pas dans l'aire initiale d'intervention des forces de Barkhane et du G5 Sahel.
La perplexité de M. Herbillon est largement partagée. Le président Macron vient de s'entretenir pendant une heure avec le président Biden : il faut vérifier que les inflexions dont j'ai parlé dans mon propos liminaire sont bien réelles et que les engagements se concrétisent. C'est à la Russie de dire si elle veut être une puissance de déséquilibre, qui profite des interstices de crise pour développer sa puissance ou son modèle politique, ou si elle veut être une puissance partenaire, prête à discuter de ses garanties de sécurité. C'est tout autant à elle de faire le choix de son arrimage à l'Est, dans un partenariat avec la Chine – ce que semblait indiquer le communiqué commun de Vladimir Poutine et Xi Jinping au début des Jeux olympiques –, ou de son arrimage à l'Europe. Si la Russie veut engager un nouveau type de rapport avec l'Union européenne et les pays européens, nous y sommes prêts. Le processus avait d'ailleurs été engagé au moment de la rencontre à Versailles, au début du quinquennat du président Macron, puis lors de la rencontre à Brégançon. Le dialogue de Trianon a été initié pour promouvoir les échanges entre sociétés civiles françaises et russes et en approfondir la connaissance mutuelle dans les domaines scientifiques, littéraires, artistiques, etc. Cela n'a pas beaucoup avancé, pour des raisons diverses, notamment liées au covid, mais c'est bien ce que nous souhaitons. La France a donné des signes de sa bonne volonté et, même si le dialogue est devenu compliqué, nous sommes déterminés à le poursuivre pour éviter la guerre.
Toutes les conditions sont-elles réunies pour une offensive de la Russie sur l'Ukraine ? Oui. Le président Poutine a-t-il pris sa décision ? Non. Cela vaut-il encore la peine de se parler ? Oui.