Intervention de Sébastien Nadot

Réunion du mardi 1er mars 2022 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Nadot :

Je tiens d'abord à remercier M. le secrétaire d'État pour sa présence et ses explications. Cette audition témoigne de la volonté de l'exécutif d'informer le Parlement, dans la droite ligne du comité de liaison avec les parlementaires qui s'est réuni vendredi et du débat de cet après-midi en séance. Mais notre groupe demande davantage que d'être informé : le Parlement doit être associé au suivi de cette crise, et parfois même être vraiment consulté, y compris durant la période de suspension des travaux, non pas pour le bon plaisir de quelques parlementaires mais parce que la Constitution le requiert. Dans ce moment si grave, les représentants de la nation ont un rôle important à jouer.

Mon groupe condamne évidemment sans réserve l'invasion militaire de l'Ukraine par la Russie. L'Ukraine est un pays souverain et démocratique ; nous lui devons le soutien et l'assistance les plus fermes. Mes pensées vont au peuple ukrainien, première victime de cette guerre sans aucune justification légitime ; elles vont aussi bien aux personnes qui restent qu'à celles qui partent ; elles vont à tous ceux qui souffrent de la barbarie et continueront à en souffrir au cours des prochaines semaines et des prochains mois, y compris parmi la population russe.

Au-delà du conflit, qui est d'ores et déjà meurtrier et s'accompagne de la séparation des familles, de l'exil de nombreuses personnes, avec son lot de tragédies humaines, et de l'apparition de réfugiés, un grand bouleversement géopolitique est en cours. Le groupe Libertés et Territoires fait souvent figure de non-aligné en matière de politique étrangère. Dans ce moment très grave, sans oublier nos obligations constitutionnelles de parlementaires, qui supposent un contrôle attentif de l'action de l'exécutif, mes collègues et moi-même voulons avoir confiance dans votre gouvernement pour mener le dialogue avec nos partenaires européens habituels. Il convient toutefois de ne pas oublier les partenaires historiques de notre pays en Afrique ou au Moyen-Orient. Toutes les pistes de partenariat et de dialogue permettant de ramener la paix doivent être explorées, y compris directement avec la Russie, comme le fait le Président de la République.

Je tiens également à saluer l'ampleur des réponses européennes. L'Union européenne, si décriée, a su se montrer unie et imposer rapidement des sanctions importantes. Cette nouvelle manière européenne d'agir constitue une avancée considérable, à court terme et peut-être dans la durée. C'est sur ce dernier point que je voudrais vous interroger.

Quand on observe le jeu diplomatique des grandes puissances de ce monde, on constate qu'elles remettent en cause de manière quasi irrévocable l'ordre international qui existait depuis 1945. La manière de faire la paix qui prévalait depuis la deuxième guerre mondiale a vécu et il n'existe plus de communauté internationale à même d'arbitrer, de gérer et résoudre un conflit. Alors que les cartes de la géopolitique mondiale ont été rebattues, comment penser une planète pacifiée dans les décennies à venir ? Comment lutter collectivement contre l'affaiblissement des démocraties et le retour des empires belliqueux ? Face aux outils sophistiqués et aux moyens colossaux déployés par les tenants de la guerre et de la barbarie, quels nouveaux chemins la France entend-elle construire pour promouvoir la dignité humaine pour toutes et tous ? Car enfin, la paix n'est pas seulement une idée, c'est aussi une volonté, une méthode et des moyens pour la faire advenir.

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