Intervention de Florence Parly

Réunion du mercredi 15 janvier 2020 à 18h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Florence Parly, ministre des Armées :

Monsieur de la Verpillière, si la solidarité interministérielle n'a pas joué en faveur des OPEX en 2019, c'est parce qu'elle a été appelée pour financer les « mesures gilets jaunes », et pour des montants sans commune mesure. N'en tirez pas de leçon générale, mais le fait est qu'en 2019, le principe de solidarité interministérielle, bien que consacré par la loi de programmation militaire, a été écrasé par d'autres besoins plus pressants.

Vous avez mentionné l'accident tragique dans lequel deux de nos pilotes stationnés dans la base aérienne de Nancy ont trouvé la mort le 9 janvier 2019. Le rapport du BEA pointe la nécessité impérative pour nos pilotes de continuer à bénéficier d'un entraînement suffisant, et c'est précisément la raison pour laquelle ce pilote et cette navigatrice, de retour d'OPEX, reprenaient l'entraînement.

Le désengagement des États-Unis tient à des causes structurelles : la réorientation des efforts américains vers l'Asie et le Pacifique, qui s'inscrit dans le long terme. Cela ne signifie pas que le soutien que les États-Unis nous apportent ailleurs devra être remis en cause du jour au lendemain. Il nous appartient d'expliquer sans cesse que ce soutien nous est précieux au Sahel, et il ne représente pas un effort financier considérable au regard de l'investissement total des États-Unis dans le monde.

Je ne citerai pas les puissances visées par les propos du Président de la République.

L'opération Takuba et l'EUTM n'ont pas exactement les mêmes missions. L'EUTM remplit une mission de formation, tandis que Takuba va au-delà, jusqu'à l'accompagnement au combat. Ce sont deux missions différentes et complémentaires.

S'agissant des moyens de souveraineté outre-mer, nous nous employons à accélérer le rythme dans le cadre de la loi de programmation militaire. En 2019, nous avons déployé un patrouilleur Antilles Guyane (PAG) et un bâtiment de soutien et d'assistance outre-mer (BSAOM) aux Antilles, dans une région durement marquée par l'activité cyclonique cet automne ; nous allons poursuivre cet effort.

Les 220 militaires supplémentaires déployés au sein de la force Barkhane rempliront des missions conventionnelles ; il ne s'agit pas de forces spéciales. Sans trahir de secret, Monsieur Ferrara, je suis sûre que vous me comprendrez si je vous dis qu'ils seront issus d'unités chères à votre cœur.

S'agissant des mesures de protection des forces engagées dans l'opération Chammal, nous avons suspendu les formations que nous dispensions aux forces irakiennes pour nous concentrer sur la protection de nos propres unités. Ces unités restent cantonnées et nous avons demandé que les mesures maximales soient prises : protection balistique par casque et gilet pare-balles ; et en cas d'alerte, toutes les forces doivent se protéger dans des abris. Enfin, nous avons regroupé nos forces dans les emprises les moins vulnérables.

La base sur laquelle nous sommes présents en Irak, à proximité de l'aéroport, n'abritait pas de soldats américains et n'a pas été touchée par les frappes iraniennes. Nous ne sommes pas présents dans la base touchée par ces frappes. L'évolution ultérieure sera fonction de l'évolution de la menace.

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