Mais quelles que soient ces manipulations, la situation des populations sur le terrain et leurs difficultés d'existence alimentent le soutien aux groupes djihadistes. Il ne tient pas toujours à des raisons idéologiques : ces groupes apportent souvent des réponses concrètes aux difficultés que rencontrent les gens, et apparaissent comme des protecteurs qui s'opposent à ceux qui oppriment les populations.
La lutte contre le djihadisme ne peut passer par la seule réponse militaire, le volet politique manque. J'avais demandé la création d'une commission d'enquête pour dresser le bilan géostratégique de notre action militaire au Mali, mais elle a été refusée. Je pense que la situation continue de se dégrader, et je n'ai pas entendu dans vos propos de réponse politique satisfaisante à la question : « Que faisons-nous là-bas ? », question à laquelle sont confrontées nos armées, et que beaucoup de Français se posent.
J'ai eu la chance de m'entretenir avec nos officiers sur place. Nos armées sont très compétentes, mais leur constat est très lucide : ils estiment que nous sommes engagés pour au moins vingt ans, et qu'à ce stade, nous n'avons pas la réponse politique à l'effondrement des États.
Comment sortir de ce bourbier ? Nous, parlementaires, devons débattre de notre projet politique et des moyens mis en œuvre pour la reconstruction de ces États, notamment les investissements financiers requis pour rétablir un minimum de santé et d'éducation. Les sommes que nous investissons là-bas sont trop faibles, surtout au regard du coût de l'intervention militaire.
Quels sont nos objectifs politiques dans cette région, et ne pensez-vous pas que le moment soit venu d'y consacrer un débat parlementaire ?