Les réponses sont élaborées au fur et à mesure du développement des connaissances sur le virus : elles évoluent, on l'a vu à propos du porte-avions. Nous transposons les mesures préconisées par la santé publique, en particulier les gestes barrières, la distanciation sociale et le port systématique du masque dans certaines circonstances. Je pense qu'il faut également disposer d'une capacité de test élargie et dépister très tôt afin de casser la chaîne de transmission, ce qui suppose de disposer des matériels et des effectifs suffisants. Nous avons commandé des appareils supplémentaires dès le mois de février – nous en avons entre 25 et 30. Nos HIA désignés par la santé publique comme établissements de 1ère et 2e ligne en sont tous équipés, ainsi que l'IRBA. Sitôt reçus les appareils commandés en sus, nous les avons déployés en priorité à Gao, N'Djaména et Djibouti. Notre objectif est d'équiper également le porte-avions lorsqu'il sera prêt à repartir. Une quatorzaine et des tests sont systématiquement prévus avant tout départ en opérations, notamment pour les unités qui œuvrent dans des environnements extrêmement confinés.
Une dizaine de militaires de Barkhane ont été rapatriés et une douzaine sont actuellement en isolement. Les sujets contacts font l'objet d'une quatorzaine très stricte. Les unités étant mobiles et au contact de la population, je ne peux pas dire très précisément où les contaminations se sont produites. Il est impossible d'éviter tout risque, d'autant que nous continuons à prendre en charge les militaires de nos pays alliés, avec lesquels les interactions se poursuivent.
Notre niveau opérationnel n'a pas été affecté par la crise. Pour l'instant, nous avons commencé à reconditionner l'EMR-SSA ; nous le redéploierons en cas de besoin, selon les demandes.
On pensait depuis toujours que les spécialités critiques pour la prise en charge des blessés de guerre étaient surtout chirurgicales – et en particulier orthopédiques. On s'aperçoit qu'il existe d'autres spécialités critiques, comme l'anesthésie-réanimation, ou encore l'infectiologie. Il faudra réfléchir à les développer au sein du SSA, notamment lors de l'appel de réservistes.
Les recherches sur les traitements mobilisent évidemment le SSA comme les autres acteurs. Nous avons répondu aux appels à projets, notamment ceux de l'agence de l'innovation de la défense, dont plusieurs ont d'ores et déjà été validés et financés, parmi lesquels un protocole de prise en charge des pneumopathies graves covid par oxygénothérapie hyperbare, qui a démarré la semaine dernière à l'hôpital Sainte-Anne. Nous participons également à l'essai « Discovery », et nous avons proposé d'autres essais cliniques combinant différentes molécules. Nous ne travaillons pas spécifiquement à un vaccin, mais nous y collaborons. Nous travaillons aussi sur la « séro-neutralisation » du virus, en utilisant les sérums de patients guéris. On observe un élan mondial de recherche, que je veux saluer.
Une étroite collaboration avec la médecine civile est gage d'efficacité en temps de crise. Nous y avons travaillé depuis les attentats de 2015 en insistant en particulier sur l'intérêt d'exercices et de recherches en commun. J'espère que les réservistes, en particulier les jeunes qui nous ont rejoints, auront envie d'être recrutés par le SSA, au moins pour quelques années, ce qui renforcera encore les relations actuelles.
Je crois que le temps de la valorisation de l'engagement exceptionnel de nos élèves et de nos personnels viendra et qu'il sera important. J'y serai attentive, mais je ne pourrai répondre à cette question qu'en lien avec le commandement, l'état-major des armées et la ministre. Nos élèves peuvent voir le SSA en action sur le territoire national, et ils ont ainsi accès à un socle de formation exceptionnel.