La quatorzaine avant un départ en mission n'est pas une réponse unique, il faut combiner différentes mesures, et aucune ne dispense des gestes barrières et de la distanciation sociale.
Un médecin militaire doit en permanence rechercher le meilleur compromis entre les risques sanitaires et les entraves aux capacités opérationnelles des forces, la décision finale revenant au commandement. La quatorzaine, dont les conditions de réalisation interrogent, doit être associée aux tests. Ces tests, PCR et prochainement sérologiques, permettront d'améliorer la maîtrise des risques, mais la meilleure méthode pour les utiliser reste à formaliser, et c'est pourquoi nos recommandations évoluent continuellement.
Nous devons parvenir à une maîtrise des risques maximale pour les unités les plus opérationnelles ou évoluant dans les environnements les plus confinés. L'analyse des risques est l'essence du service que le SSA doit rendre aux armées, et une vision seulement budgétaire ne lui permettrait pas de remplir cette mission. Ainsi, il n'est pas possible de commander un hôpital militaire de campagne « sur étagère », bien qu'il soit prévu au contrat opérationnel, faute de moyens budgétaires. Nous avons imaginé un concept modulaire : l'antenne de réanimation et de chirurgie de sauvetage (ARCS), qui permet d'opérer deux patients simultanément sur les théâtres d'opérations extérieures. En assemblant un grand nombre de ces éléments et en y adjoignant des capacités de scanner, de biologie poussée, et d'hospitalisation, nous aurons un hôpital de campagne. J'espère que cette crise permettra d'accélérer la réalisation de ces projets dont le report, pour des raisons budgétaires, nous a amenés à créer de toutes pièces l'EMR-SSA.
Les moyens du SSA doivent accompagner la remontée en puissance des armées. Le départ de médecins en chef (colonels) visés par la déflation doit être compensé. Nous avons recréé une chaîne de recrutement qui nous a permis de recruter vingt et un médecins généralistes et dix-huit spécialistes – essentiellement chirurgiens et radiologues – en 2019, mais il nous manque encore une centaine de généralistes, ainsi que des chirurgiens. Les places ouvertes au concours des écoles militaires de santé de Lyon-Bron ont été portées à 115, mais neuf ans sont nécessaires pour former un médecin généraliste, et jusqu'à douze pour un spécialiste ; en attendant, il faut faire appel à des contractuels. Les réservistes constituent un important vivier, et nous projetons un recrutement de cadets du SSA pour attirer des étudiants dès la première année de médecine.
En opérations extérieures nous travaillons avec des organisations non gouvernementales à l'aide médicale à la population – la France est un des seuls pays à le faire. Le contexte épidémique impose de réduire temporairement cette activité. Nous participons également à des protocoles de recherche, notamment avec l'Institut Pasteur, qui ont abouti à des collaborations fructueuses.
La loi de modernisation de notre système de santé a reconnu le SSA comme un acteur à part entière de la santé publique ; les excellentes relations développées avec les acteurs de la santé publique à tous les niveaux portent leurs fruits.