Avant tout, je tenais à vous remercier, général, au nom de l'ensemble de mes collègues, d'avoir accepté de vous prêter à l'exercice inédit d'une audition par visioconférence.
À titre liminaire, je me permets de souligner que si cette audition se tient à huis clos, les technologies que nous utilisons aujourd'hui ne nous permettent pas de garantir la confidentialité absolue de nos propos. Souvenons-nous en lorsque nous prenons la parole... Le service de l'informatique de l'Assemblée nationale m'a toutefois informé que nous devrions pouvoir disposer à compter de la semaine prochaine d'un outil plus sécurisé pour nos auditions à huis clos, fourni par Orange, une entreprise française.
Général, les armées contribuent à la lutte contre la propagation de l'épidémie de Coronavirus dès avant le lancement par le président de la République, le 25 mars dernier, de l'opération « Résilience ».
Chacun se souvient ainsi du rapatriement depuis Wuhan de près de 200 de nos compatriotes, le 31 janvier 2020, par les avions « blancs » de l'Esterel, comme du déploiement en Corse du « Tonnerre », les 20 et 21 mars, afin d'acheminer vers Marseille plusieurs patients, dont 6 en urgence vitale.
L'EMR de Mulhouse lui-même est opérationnel depuis le 24 mars, tandis que des évacuations par les airs avaient débuté précédemment, après l'activation du kit MORPHEE, dès le 17 mars.
Depuis le lancement de « Résilience », les armées ont intensifié leurs actions, en métropole comme outre-mer, dans les trois volets de l'opération : sanitaire, logistique et protection.
Votre audition est d'abord l'occasion, général, de vous entendre sur les modalités de cette opération. Et j'en profite pour vous exprimer toute la fierté et la reconnaissance de la Nation devant la mobilisation des Armées aux côtés des autorités civiles dans la lutte contre l'épidémie.
Toutefois, la vie des armées n'est pas seulement ponctuée par la lutte contre l'épidémie.
En premier lieu, elles sont elles-mêmes frappées par le virus. Le cas du porte-avions et, plus largement du groupe aéronaval, est emblématique. Il soulève de multiples questions auxquelles la ministre et vous-même avez déjà apporté quelques réponses ces derniers jours. Nous attendons avec impatience le résultat des deux enquêtes diligentées à ce sujet. Nous souhaitons cependant connaître plus précisément votre sentiment sur la menace de désorganisation des armées françaises du fait de l'expansion de ce virus et quelles sont les mesures qui ont été prises pour y parer.
En deuxième lieu, les opérations se poursuivent sur le terrain, en France (Sentinelle, Harpie) comme en OPEX. Il y a une semaine, une frappe aérienne a neutralisé plusieurs terroristes dans le Liptako, après qu'ils ont été repérés par un drone Reaper. Au total, entre le 8 et le 15 avril, une centaine de sorties aériennes ont eu lieu dans le cadre des opérations Barkhane et Chammal. Là encore, nous souhaiterions savoir les conséquences de cette crise sur l'organisation des OPEX, notamment l'organisation des relèves, et s'il y a eu modification des missions qui leur ont été confiées.
En troisième lieu enfin, cette crise est l'occasion je suppose, d'intenses réflexions sur le format et l'organisation des Armées françaises, notamment la pertinence des stocks et le recours à la sous-traitance. J'ai conduit de nombreux entretiens avec les responsables de la BITD qui m'ont fait part des difficultés qu'ils traversent pour maintenir leur production. Avez-vous d'ores et déjà tiré un certain nombre de conclusions pour augmenter la résilience des armées en cas de prochaines crises épidémiologiques ? Et avez-vous identifié des secteurs où il conviendrait d'accentuer les efforts ?
Voilà, général, les divers sujets sur lesquels nous aimerions connaître votre sentiment.
Sans plus tarder, je vous laisse la parole.