Je suis responsable de la logistique pour le territoire national et l'Europe et donc pour l'opération Résilience. Cette opération est consacrée à l'aide aux Français, ainsi qu'à l'appui aux services publics face à la pandémie de Covid-19 dans les domaines sanitaire, logistique et de la protection, en métropole et en outre‑mer. Mon intervention se limitera à ce qui a déjà été fait dans le cadre de l'opération.
Les besoins pris en compte dans le cadre de nos interventions logistiques sont ceux des forces armées en opération et, sur demande de concours ou réquisition de l'autorité préfectorale, ceux des services au public et des populations. Nous disposons d'une chaîne de commandement, comprenant la chaîne logistique, ainsi que de ressources des armées, directions et services (ADS). Le bureau logistique (J4) du centre de planification et de conduite des opérations (CPCO) mobilise les moyens de soutien et les ressources des armées, directions et services (ADS), afin qu'ils se trouvent en quantité suffisante et au moment voulu là où nous en avons besoin. Sur le territoire national, la chaîne de commandement est celle de l'organisation territoriale interarmées de défense (OTIAD), qui conduit aussi l'opération Sentinelle. Les armées interviennent dans la phase d'urgence, le temps que les autres services publics se réorganisent.
Entre le 14 mars et le 7 avril, nous avons transporté 147 patients en réanimation et, en outre-mer, 12 patients non placés en réanimation ; 169 soignants de l'ouest et de la région Provence-Alpes-Côte-D'azur (PACA) ont été acheminés en renfort dans les hôpitaux du Grand Est et de l'Île‑de-France.
Plus de 300 missions logistiques ont été effectuées au profit des ARS, souvent pour effectuer le dernier kilomètre du transport d'équipements de protection individuelle ou de gel hydroalcoolique, en grandes ou petites quantités.
Des sections d'appui sanitaire ont été détachées auprès de certains hôpitaux pour mener des actions immédiates de proximité, du soutien logistique ou des missions de protection.
En outre-mer, le porte-hélicoptères amphibie (PHA) Mistral a acheminé à Mayotte 737 tonnes de fret – eau, nourriture, masques, médicaments et produits de santé – en deux rotations, et d'autres bâtiments des forces armées de la zone sud de l'océan Indien (FAZSOI), à savoir L'Astrolabe, le Champlain et le Malin, en ont apporté 137 tonnes. Dans l'arc Antilles-Guyane, le PHA Dixmude a également transporté du fret au profit de la cellule interministérielle de crise ainsi qu'un hélicoptère Dragon de la sécurité civile, un Écureuil de la gendarmerie et deux Puma de l'armée de Terre. En Polynésie française, après avoir transporté 9 tonnes de fret, dont 7,1 tonnes à usage interministériel, un A400M Atlas est resté positionné sur place afin de faciliter les missions logistiques entre les îles, incluant entre autres une rotation en Nouvelle-Calédonie. Certaines de ces missions sont propres au contexte de crise et du confinement, car, en temps ordinaire, en application de la règle des 4i, elles ne relèvent pas des forces armées.
La chaîne logistique a dû également s'adapter aux contraintes imposées par la crise du Covid-19 pour le soutien de nos opérations militaires. Par exemple, pour la projection vers l'outre-mer des renforts Résilience, des quatorzaines ont été mises en place afin d'éviter une propagation du virus à l'occasion des relèves « in » – vers les outre-mer – et « out » – de retour de mission. Le protocole limitant le nombre de militaires dans les chambres, nous avons fait appel à l'Institution de gestion sociale des armées (IGESA) afin de disposer d'hébergements complémentaires. Outre le service de santé, le service du commissariat joue un rôle essentiel pour le transport des détachements et des unités dans le respect des règles de distanciation, pour le soutien vie sur les sites IGESA et pour le renfort des groupements de soutien sur les sites militaires accueillant les quatorzaines.
Selon la règle des « 4i », les armées interviennent en appui d'un ministère qui conduit la gestion de la crise, en l'occurrence celui des Solidarités et de la Santé. Engagés de façon réactive, les moyens des armées sont comptés, et tous les acteurs doivent être mobilisés.
La cellule logistique de la cellule interministérielle de crise (CIC), créée lors de l'ouragan Irma, permet de mutualiser les achats et les opérations logistiques de crise entre les ministères, et prépare les choix validés ensuite par la CIC, ce qui est gage de réactivité. La pandémie a conduit à renforcer les autres ministères, notamment celui de la santé, avec des logisticiens militaires placés à la cellule de crise « achats logistiques » du MSS, dans les agences régionales de santé (ARS) et les entrepôts de Santé publique France.
Les grands groupes du secteur privé peuvent enfin appuyer l'État en cas de crise, comme l'ont fait à notre profit Airbus, en aidant la direction des approvisionnements en produits de santé à effectuer des achats et Dassault en mettant à disposition deux Falcon.