Le travail interarmées et interarmes est, dans la composante terrestre, constitutif de l'engagement des forces. En matière de coordination, les conditions d'engagement dans cette crise n'ont pas changé la donne ; au contraire, nous avons apporté notre savoir-faire.
La coordination avec les services ministériels concernés – services d'infrastructures de la défense, SSA, commissariat des armées – a été assurée chaque semaine, au niveau zonal, par visioconférence entre tous les chefs de services, mais aussi avec les douze commandants des bases de la zone Est et les représentants de la zone de défense et de sécurité Nord. Ce procédé diffère un peu de la coordination ordinaire de l'engagement des forces armées.
J'ignore s'il y a des enseignements à tirer en termes de limites de conditions d'engagement et d'emplois : quand l'urgence s'impose sur le territoire national, c'est la priorité de tout le monde, et bien sûr celle des armées. Le nouveau contrat de protection prévoit une certaine capacité, mais elle pourrait être bien supérieure si la situation l'exigeait pour la protection de la population.
Les délais d'engagement ont été très rapides lors de cette crise, qui a touché d'abord le monde des soignants et de la santé, très rapidement mobilisés, notamment au travers du plan blanc. Nous n'avons, pour le reste, pas dû faire face à de fortes demandes comme cela a été le cas lors des crises précédentes. En 2015, plus de 10 000 hommes avaient convergé en moins de cinq jours vers Paris et plusieurs autres grandes agglomérations, et la logistique de ce qui allait être l'opération Sentinelle a été élaborée quasiment en temps réel. Nous veillons au maintien de cette capacité d'engagement en tout temps, en tout lieu, quelles que soient les conditions.
L'offre est allée à la rencontre du besoin de façon proactive. Le soutien logistique que nous avons apporté aux ARS, en y postant un logisticien, est le fruit d'un dialogue avec elles. Au niveau local, nos commandants de régiment ont proposé leurs services aux préfets et à certaines collectivités, la règle des « 4i » étant à cette occasion assouplie compte tenu de l'urgence. La levée progressive du confinement et la reprise concomitante des activités des forces vont marquer le retour à une pratique plus vertueuse de cette règle, et l'examen de la possibilité pour d'autres acteurs d'assurer la mission.
Quant aux points d'amélioration éventuelle, notre instruction relative à l'engagement des forces armées sur le territoire national lorsqu'elles interviennent sur réquisition des autorités civiles est très complète : les quatre scénarios qui y sont envisagés couvrent bien la crise que nous vivons. Une amélioration pourrait être apportée par l'aménagement d'espaces de communication interministérielle plus aisés – je ne peux pas organiser de visioconférence avec d'autres ministères à partir de mon poste de travail, ce qui m'oblige à me rendre au centre des opérations de la préfecture de zone.