Intervention de le colonel Thierry Chapeaux

Réunion du mercredi 10 juin 2020 à 15h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

le colonel Thierry Chapeaux, commandant la base aérienne 367 à Cayenne :

Les missions en Guyane sont naturellement interarmées et interministérielles. Nous avons l'habitude de travailler avec les services de l'État. Il a certes fallu s'adapter à la forme de la crise, mais les chaînes de commandement et les liens avec les services de l'État étaient déjà établis. Nous étions donc tout à fait correctement préparés.

Grâce à un écart de deux mois de la vague de l'épidémie par rapport à la métropole, nous avons pu nous préparer en constituant des stocks d'équipements de protection individuelle, de masques, de gel hydro alcoolique et de matériels de désinfection des aéronefs pour transporter des patients covid. Nous avons également pu intégrer les gestes barrières : à la base aérienne, très rapidement les gens s'écartaient naturellement les uns des autres, toussaient dans leur coude, se lavaient plus régulièrement les mains. Combiné à une faible évolution du virus dans la Guyane, cela a très certainement permis de minimiser l'extension du virus au cours des premiers mois.

Les disponibilités du Casa et du Fennec ont été correctes. Celle du Puma a été suffisante pour répondre aux missions les plus stratégiques et les plus importantes décidées par le commandant supérieur des forces armées en Guyane. L'unicité de commandement lui a permis d'opérer des bascules d'effort des moyens aériens entre les différentes opérations en fonction du tempo et de la situation. Ce niveau de disponibilité a été possible grâce à la combinaison de 3 facteurs : tout d'abord la concentration des moyens humains suite à la suspension de toute activité annexe (stages, permissions, etc.), ensuite, le complètement du stock de pièces détachées de la base aérienne juste avant la crise. Et enfin, le maintien d'un lien aérien ininterrompu avec la métropole, assuré par Air France, permettant d'acheminer les pièces manquantes en urgence. Grâce à ces trois éléments, la disponibilité des moyens aériens et en particulier celle du Puma a été en adéquation avec les besoins principaux. En revanche, la dette organique et la dette technique engendrées par cette situation, sont à mesurer. Elles ne seront pas sans conséquences pour les mois à venir et pour finir l'année.

Le rapatriement des patients déclarés positifs vers le littoral est une mission de la préfecture et non des forces armées. Nous n'intervenons qu'en Ultima ratio, sur réquisition ou demande de concours, conformément à la règle des « 4 i », c'est-à-dire seulement si les moyens civils sont « inexistants, insuffisants, inadaptés ou indisponibles ». L'objectif, aux côtés de la préfecture, c'est de convaincre les acteurs aéronautiques locaux de prendre pleinement part à l'opération. C'est pourquoi, pour les convaincre, nous avons fait cette offre de désinfection de leurs appareils.

En parallèle, nous nous préparons à la remontée en puissance de nos missions principales : les missions permanentes aériennes et maritimes, l'opération Titan pour la protection du centre spatial guyanais et l'opération Harpie dont l'ampleur a été contrainte par l'opération Résilience et la crise.

La population d'outre-mer se sent-elle plus proche de nous ? Je ne saurai répondre à cette question ; en tout cas, ce que j'ai pu constater, c'est que les actions des forces armées ont été louées et reconnues par la population guyanaise.

Enfin, je ne puis vous dire pourquoi la Nouvelle-Calédonie n'a pas davantage été touchée.

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