Intervention de Françoise Dumas

Réunion du mercredi 8 juillet 2020 à 9h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançoise Dumas, présidente :

Général, mes collègues et moi-même avions hâte de vous recevoir. Notre commission aborde régulièrement les questions spatiales, mais le plus souvent au détour d'auditions non exclusivement consacrées au sujet. Notre dernière réunion consacrée spécifiquement à ce sujet était destinée à l'examen, en janvier 2019, du rapport de nos collègues le président Becht et Stéphane Trompille sur le secteur spatial de la défense.

Ce constat est symptomatique d'une époque aujourd'hui révolue, où le spatial militaire était davantage considéré comme un « plus » dans les opérations que comme un champ de confrontation possible ; on ne le percevait pas encore comme l'épine dorsale de nombre de technologies, civiles ou militaires, que nous utilisons quotidiennement. Personne ne conteste désormais que notre dépendance aux moyens spatiaux constitue une potentielle vulnérabilité, et leur défense un enjeu de résilience.

L'année 2019 a marqué un tournant dans l'histoire de notre politique spatiale de défense.

L'année précédente, la loi de programmation militaire (LPM) avait programmé 3,6 milliards d'euros pour le renouvellement de nos capacités. Mais nombre d'entre nous ont eu l'impression que ni la revue stratégique de défense et de sécurité nationale ni la LPM n'avait pleinement intégré les changements à l'œuvre dans ce domaine : contestation des leaderships technologiques traditionnels par le New Space ; avancées technologiques majeures à même de changer la donne dans l'espace ; émergence de la Chine, aussi fermement résolue que peu transparente ; activités d'espionnage dans l'espace ; grands doutes sur les missions de navettes américaines, etc.

L'espace est devenu un nouveau champ de conflictualité ; toute la question est de savoir si les grandes puissances réussiront à établir un cadre de droit international de nature à éviter une folle escalade, à l'instar de ce que l'on a réussi peu ou prou à faire pour le nucléaire, ou si l'espace est appelé à devenir un nouveau Far West sans réelle régulation des rivalités. On peut souhaiter que le premier scénario se réalise, mais il serait imprudent de ne pas se préparer au second.

C'est pourquoi la ministre a lancé, dès septembre 2018, un travail visant à établir une stratégie spatiale de défense, publiée au printemps 2019. Pour contribuer à la réflexion stratégique, notre commission avait confié un travail de même nature au président Becht et à Stéphane Trompille. Je note d'ailleurs que leurs conclusions et leurs préconisations se retrouvent pour leur quasi-totalité dans la stratégie ministérielle. Vous pourrez, général, nous présenter votre vision de cette stratégie et la façon dont vous la mettez en œuvre.

Votre seule présence ici témoigne d'ailleurs de la mise en œuvre d'une de ces préconisations : nos collègues, comme le groupe de travail ministériel, s'accordaient à dire qu'il fallait à la défense spatiale une « incarnation organique ». Il existait depuis 2010 un organe interarmées appelé commandement interarmées de l'espace, que vous commandiez. Il s'agissait, en 2019, de changer nettement d'échelle, de placer clairement l'espace dans la continuité des missions de l'armée de l'air et de faire de celle-ci une armée de l'air et de l'espace. C'était encore une préconisation de nos collègues Becht et Trompille ; il est temps qu'elle soit pleinement mise en œuvre.

Nos collègues plaidaient pour que le commandement de l'espace (CDE) vaille à son titulaire sa quatrième étoile. Je ne peux qu'espérer que ce soit de bon augure pour vous !

Plus sérieusement, votre commandement a été institué et vous a été confié en septembre 2019. Comment vous l'avez-vous conçu et mis en place, quelles sont ses perspectives de croissance d'ici à l'échéance de la programmation, c'est-à-dire 2025 et au-delà ?

Dans les temps troublés que nous traversons, il y a peut-être des opportunités à saisir au travers du plan de relance. N'hésitez pas à nous dire comment le secteur spatial, largement dual, pourrait contribuer à la relance, pour le plus grand bien de notre outil de défense comme de notre économie.

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