Intervention de Jean-Pierre Cubertafon

Réunion du mercredi 15 juillet 2020 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Cubertafon, rapporteur :

Si le renouvellement du parc constitue un enjeu majeur, il est tout autant indispensable d'assurer sa disponibilité. Aussi, la disponibilité de la flotte et son maintien en condition opérationnelle a constitué notre second point d'attention majeur.

À ce jour, seul un tiers de la flotte est en état de vol.

Si elle n'est pas satisfaisante, la faible disponibilité de la flotte s'explique toutefois par plusieurs facteurs objectifs. Premièrement, une large part du parc est immobilisée de manière structurelle, en raison des opérations de maintenance liées au cycle de vie des appareils (visites périodiques, grandes visites, rétrofit, etc.) et des chantiers de mise à niveau capacitaire. Deuxièmement, l'hétérogénéité de la flotte nuit à son entretien, d'autant plus que le parc est composé, pour sa plus grande partie, d'appareils vieillissants rencontrant de nombreuses pannes et d'appareils de nouvelle génération encore immatures. Troisièmement, le soutien industriel dispose de larges marges de progression, notamment au regard de la maîtrise et du respect des délais contractuels. Quatrièmement, le soutien opérationnel pâtit d'un manque criant de personnels – déficit de près de 200 mécaniciens au sein de l'ALAT –, d'autant que les mécaniciens, avant tout soldats, ne consacrent pas 100 % de leur temps aux opérations de maintenance. Cinquièmement, la sévérité des conditions d'emploi en OPEX et outre-mer contribue à user prématurément les appareils, qui souffrent toujours des fortes amplitudes thermiques, de la poussière et des effets abrasifs du sable, de la salinité de l'air ou encore de l'humidité.

Deux points méritent d'ailleurs une attention particulière : les pales, pour lesquels la pose d'un revêtement supplémentaire de protection est en cours d'expérimentation ; les pare-brises, qui ont tendance à fêler, et pour lesquels un film protecteur à effet hydrofuge a été conçu sans donner entière satisfaction.

Pour autant, la situation reste préoccupante, car la faible disponibilité des appareils pèse sur la tenue des contrats opérationnels et nuit à la préparation opérationnelle.

À titre d'exemple, en 2017 et 2018, 40 % des porte-hélicoptères en mer ont navigué sans hélicoptère détaché à bord, ce taux grimpant à 50 % en 2019.

De même, nous avons constaté plusieurs points de tension s'agissant de la préparation opérationnelle : l'acquisition des compétences pour les plus jeunes équipages s'allonge inexorablement, malgré l'apport majeur de la simulation ; l'expertise globale du haut du spectre s'érode ; des trous générationnels se creusent.

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