Intervention de Jean-Jacques Ferrara

Réunion du mercredi 15 juillet 2020 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Jacques Ferrara, rapporteur :

Merci, en effet, d'avoir évoqué ce reportage, et je vous invite tous à le regarder. Nous avons eu un retour direct sur cette évacuation, et nous devons son succès à l'héroïsme des hommes. Ils vont bien aujourd'hui mais si certains sont rentrés avec de sérieuses blessures, notamment au niveau des vertèbres. Au-delà de nos capacités techniques, il y aura toujours le facteur humain.

Je tiens également à dire à Charles de la Verpillière combien je suis d'accord avec lui. Il s'agit d'ailleurs de l'une de nos recommandations puisque notre rapport fait directement référence au plan de relance et à la nécessité de soutenir notre industrie par la défense. La commande de vingt Caracal plutôt que huit vise ainsi à soutenir l'industrie française, puisqu'il s'agit d'un appareil totalement français, dont le moteur est construit à Bordes et la cellule à Marignane. Au niveau européen, le plan de relance pourrait permettre de commander des hélicoptères Caïman supplémentaires !

S'agissant du coût, une gestion de bon père de famille me semble toujours préférable. En l'état, il est envisagé de procéder à la location d'appareils de douze Caracal d'occasion qui, pour la plupart, étaient auparavant employés sur les plateformes pétrolières et sont de générations différentes. Il faudrait donc les militariser, les moderniser, et les envoyer en grande visite au bout de cinq ans, alors que nous aurions quinze ans devant nous avec des appareils neufs. Bref, en commandant vingt appareils, nous ferions des économies !

L'industriel rencontre des difficultés, et nous estimons qu'il serait raisonnable de le soutenir en commandant un appareil strictement français. En outre, il me semble que nous pourrions alors compter sur l'industriel pour fournir un effort sur le prix – sans le contraindre outre-mesure évidemment – et mettre à disposition de la base aérienne de Cazaux un simulateur, comme le concessionnaire automobile vous offre un porte-clés.

Monsieur Michel-Kleisbauer, il est évidemment essentiel de nous accorder avec nos collègues Benjamin Griveaux et Jean-Louis Thiériot, et je crois comprendre de nos premiers échanges que c'est bien le cas.

M. Marilossian a évoqué la flotte intérimaire de la marine. En effet, une solution intérimaire de location de douze appareils Dauphins et de quatre H160 a été mise en place afin d'attendre les premières livraisons de Guépard. Les premières livraisons de Guépard pourraient intervenir dès 2027. La solution intérimaire présente l'avantage d'amoindrir la rupture temporaire de capacité à laquelle fait face la marine. Au final, on en revient toujours à la même question : avons-nous les moyens de nos ambitions ou les ambitions de nos moyens ? Nous avons reçu la garantie que les contrats opérationnels parvenaient, tant bien que mal, à être tenus, et que le socle de la préparation opérationnelle était maintenu. Les choses sont plus difficiles dans le haut du spectre.

Enfin, comment ne pas être d'accord avec Mme Mauborgne s'agissant des marges de progression de l'industriel ! Toutefois, ne nous voilons pas la face, les crédits d'entretien programmé du matériel vont continuer d'augmenter car les flottes sont vieillissantes et les appareils les plus récents sont très complexes. En outre, si la réforme engagée par la ministre porte ses fruits – ce dont nous ne doutons pas – les appareils voleront plus, il faudra donc les entretenir davantage, ce qui coûtera plus cher. Vous avez évoqué le cas du NH 90 : en effet, près de vingt mécaniciens doivent être mobilisés contre deux envisagés initialement, ce qui n'est pas sans conséquence sur la pénurie de personnels que rencontre l'ALAT, par exemple ; le MCO y est également plus complexe car il s'agit d'un appareil conçu en coopération, ce qui ne simplifie jamais les choses. Le coût à l'heure de vol, en revanche, semble se maintenir, même s'il est figé à un haut niveau. La démarche initiée par la ministre – globalisation et verticalisation des contrats – va dans le bon sens : elle renforce la responsabilité des acteurs industriels, prévoit des pénalités financières en cas de dépassement des délais – ce qui me semble de nature à les motiver – et elle commence à porter ses fruits.

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